Documentaire - « Tu n’es pas une merde »

Survêtement siglé, capuche sur la tête… En apparence, Nels est un adolescent comme les autres. Sauf qu’à force de sauter les cours, d’être « soûlé » par tout et n’importe quoi, un juge pour enfants a prononcé son placement en foyer. Tamara, elle, est diabétique et doit surveiller sa glycémie chaque jour. Ce qui ne l’empêche pas de fuguer régulièrement. « C’est elle qui commande sa mère », lâche son père. Franck, Ziyad, Halit, Clara, Albina… Des jeunes complètement perdus, « irrécupérables » diront certains, suivis par la protection de l’enfance, parfois la PJJ. Pendant un an, les réalisateurs Agnès et Xabi Molia les ont filmés au sein de Starter, un dispositif inédit expérimenté depuis dix ans à Grenoble qui accueille chaque année 15 élèves de 14 à 15 ans dans une classe unique. L’idée : leur offrir « un bon début », titre du documentaire visible en salles à partir du 12 octobre.

Un film qui montre que tout n’est pas perdu d’avance et dont l’humanité tient autant aux jeunes qu’à Antoine Gentil, responsable du projet, qui les porte à bout de bras. A tous, il essaie d’enlever de la tête qu’ils seraient des « merdes » et de les convaincre que, quoi qu’ils fassent, ils ne seront pas « virés » comme ils le seraient d’une classe ordinaire. Au contraire, plus ils décrochent, plus il va les chercher. Le défi est de taille : « Qu’est-ce qu’on fait avec un gosse qui revient de fugue depuis trois semaines, qui s’alcoolise, qui est en souffrance psychique ? », interroge l’ancien professeur des écoles.

Des problématiques que les éducateurs spécialisés avec qui il travaille connaissent bien. A force de soutien, de reconnaissance, d’entraînement pour obtenir un stage ou un entretien, le déclic viendra peut-être. Tamara n’en revient pas d’avoir eu son brevet avec la mention « bien ». Nels l’a raté de peu, mais il va entrer en apprentissage. A sa mère à qui il reprochait de l’avoir laissé partir en foyer, cet amateur de rap a écrit une chanson : « Maman, pardonne-moi, tu es mon seul médicament, mon seul calmant ». Un bon début…