Que chacun puisse fonder une famille, c’est aussi ça, l’inclusion. Mais pour les personnes handicapées, être parent signifie trop souvent se sentir démuni et isolé. En quinze ans d’intervention comme conseillère en économie sociale et familiale (CESF), Laure Carpentey, l’a constaté. « En institut médico-éducatif, j’ai vu des futures mamans angoissées dont la place au sein de l’institution était remise en cause. En Samsah et SAVS, les relais pour soutenir les parents étaient aussi absents », explique celle qui est aujourd’hui cheffe du service d’appui à la parentalité pour les personnes handicapées (Sapph) de Gironde, inauguré le 18 novembre 2021 après deux ans d’expérimentation.
Un service dont elle a rédigé le projet en commençant par un diagnostic. « Dans le Sud-Gironde et le Libournais, 80 % des enfants étaient placés. Ce qui témoignait d’un vrai défaut d’accompagnement », dit-elle. En parallèle, Laure Carpentey a cherché un porteur de projet. Ce sera l’Association départementale des combattants et prisonniers de guerre, qui regroupe au centre Jean-Bernard des Esat et des foyers. Les postes de l’équipe, éducatrice de jeunes enfants (EJE), psychologue, CESF et cheffe de service, seront financés par le conseil départemental. Des subventions de la Fondation de France, du Réseau d’appui, d’écoute et d’accompagnement à la parentalité, de la CAF, de la MSA Gironde et de l’agence régionale de santé au titre du label « 1 000 premiers jours » permettront de boucler le budget.
Adaptation à tous les handicaps
Très vite, les demandes affluent. Au total et jusqu’à la pérennisation du service pour 15 ans en novembre 2021, ce sont 40 parents ayant des droits ouverts à la maison départementale des personnes handicapées qui ont été accompagnés individuellement, sur la base du volontariat. Les professionnels se déplacent à leur domicile ou travaillent avec eux dans des salles adaptées aux différents handicaps et aux enfants. Le Sapph bénéficie par exemple d’une puériculthèque, avec des objets comme des babyphones lumineux et vibrants, qui peuvent être prêtés. Une aide aux démarches pour les acquérir est aussi proposée. « Pour les personnes ayant des troubles cognitifs, on travaille la confiance et l’acquisition des gestes de maternage, notamment par la répétition », détaille Laure Carpentey.
« On s’adapte aux besoins des parents, complète Mélanie Duperrieux, EJE. Rendre accessibles les recommandations médicales, sécuriser le logement en tenant compte de l’évolution de l’enfant, faire une demande de crèche ou d’accueil de jour… L’idée est de mettre en place des solutions pérennes dans le droit commun et de faire en sorte que les parents y adhèrent. » Passer la main, donc, mais aussi favoriser l’échange entre pairs avec des cafés des parents, des sorties en famille, des ateliers cuisine… Des moments festifs qui permettent de travailler la guidance parentale. Tandis qu’en parallèle, le Sapph assure une professionnelle cette fois. Service ressource en handiparentalité, il répond aux sollicitations des services sociaux, sanitaires et médico-sociaux pour les familles qu’ils accompagnent, sensibilise les étudiants en travail social et les maternités. De sorte que le droit à faire famille devienne vraiment un droit pour tous.