« On n’a jamais été si près du but », se réjouit Arnaud de Broca, président du Collectif handicaps. Réclamée depuis des mois par les associations, rejetée par la majorité à l’Assemblée nationale en octobre dernier et au cœur des débats pendant la présidentielle, la réforme de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) devrait enfin voir le jour, actant sa déconjugalisation.
Cette allocation, versée mensuellement par les caisses d’allocations familiales à 1,22 million de bénéficiaires, dont 270 000 en couple, est actuellement conjugalisée : les revenus du conjoint de la personne handicapée éligible sont pris en compte dans le montant de l’AAH, impliquant une dépendance financière entraînée par cette indexation. Si la réforme passe, les personnes en situation de handicap gagneront non seulement en autonomie financière mais également en émancipation en cas de situation d’emprise. « L’AAH est parfois utilisée comme un moyen de pression par un conjoint violent pour que la femme ne quitte pas le couple », précise Arnaud de Broca.
L'AAH va augmenter de 4 %
Une « bonne surprise » pour les différents acteurs du handicap, qui s’inscrit dans un contexte de revalorisation de l’AAH. En avril dernier, son montant avait déjà connu une augmentation de 1,8 % et une nouvelle hausse de 4 % est prévue d’ici au mois d’août, si le projet de loi « pouvoir d’achat » est entériné courant juillet. Son montant de base devrait ainsi atteindre 956,65 € par mois.
Le calendrier de la mise en place effective de cette déconjugalisation reste néanmoins flou. « Pour le moment, nous n’avons pas les contours de cette mesure », indique Matthieu Annereau, président de l’APHPP (Association nationale pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées). S’il espère qu’elle sera débattue « dès la semaine prochaine en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale », il est probable qu’il faille attendre la tenue d’une conférence nationale du handicap début 2023.