Promenade des Anglais, parcours de santé présidentielle et victimes de guerre. Nice. Une terre politique bleue, bastion de la droite, qui vire au bleu « Marine ». Un mois après le début de la guerre en Ukraine, la Côte d’Azur est désormais parée de jaune. Le soutien au pays bombardé par la Russie s’affiche dans les rues, les élus bombent le torse pour marquer leur solidarité. Aujourd’hui, près de 40 % des ressortissants ukrainiens arrivant en France posent le pied dans les Alpes-Maritimes. Avec, comme porte d’entrée, le péage de La Turbie, déjà emprunté par plus de 12 000 réfugiés. Il se trouve à une quinzaine de kilomètres de Menton, ville frontalière de l’Italie, également témoin d'une crise migratoire sans fin. Et c’est là qu’un premier guichet unique a vu le jour pour faciliter l’accès au sol français. Une passerelle vers la préfecture de Nice, au bord de l’implosion.
Noirci par l'exil
Chaque jour, en effet, entre 300 et 800 personnes, les traits tirés, s’amassent devant le portail des locaux administratifs. Parmi elles, Irina, originaire d’Izioum, dans l’Est ukrainien. Après le chaos, l’angoisse et la fatigue, c’est un nouveau parcours du combattant qui se joue, administratif cette fois. Dans le tramway niçois, son regard fixe les arrêts sur le plan. Elle cherche « Préfecture » et comprend, avec l’aide des passagers, qu’elle doit s’arrêter à « Cadam » (centre administratif départemental des Alpes-Maritimes).
Irina se déplace avec sa petite fille, qui triture son doudou noirci par l'exil. Elles iront ensuite à la maison pour l’accueil des victimes, puis dans l’ancien hôpital Saint-Roch. Ici, c’est le début du réconfort. Un restaurant solidaire propose des repas chauds, des produits de première nécessité sont distribués et, depuis le mercredi 23 mars, l’association Francophonia dispense des cours de français. Ces solutions ont été instaurées à la hâte par la municipalité de Christian Estrosi. Le maire, ex-Les Républicains (LR), désormais « Macron-compatible », s’active.
Enjeux de clochers
Tout comme son homologue et rival cannois, David Lisnard (LR). La cité des festivals a été l’une des premières à organiser des dons pour l’Ukraine. Mais, ce mercredi, tous les regards étaient tournés vers Nice. Un « grand meeting de soutien à Emmanuel Macron » était organisé dans la plus grande salle de spectacle de la ville, le palais Nikaïa. Un rendez-vous politique en présence des huiles de l’actuel et de l’ancien gouvernement, d'Edouard Philippe à Olivier Véran, en passant par Roselyne Bachelot.
Si, dans les rangs des militants locaux de La République en marche, certains ont évoqué la venue de leur candidat, d’autres imaginaient déjà Christian Estrosi murmurer à l’oreille des ministres afin d'obtenir en coulisses, pour Nice et avant Cannes, davantage d'aide à l'accueil des Ukrainiens. Ces enjeux de clochers ont donc sans doute été abordés au cœur du palais… à 500 mètres de la préfecture.