« Sauver la Sécu ». C’est derrière ce mot d’ordre que plusieurs milliers de fonctionnaires se préparent à défiler ce 5 novembre à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales de la fonction publique. Le leitmotiv de cette journée d’action – qui, en l’occurrence, pourrait se prolonger tout au long du mois de décembre, le préavis de grève ayant été déposé du 4 au 21 – : réclamer un budget pour la Sécurité sociale à la hauteur des enjeux liés au vieillissement de la population, à la multiplication des maladies chroniques et à la montée de l’inflation. Le PLFSS concocté par le gouvernement Barnier avant d’être contraint, hier soir, à la démission par motion de censure, prévoyait de contenir le déficit de la Sécu à 16 milliards en 2025 (contre 18 en 2024) et de limiter la hausse des dépenses de santé à +2,8% contre 3,3% cette année.
Divergences syndicales
Les agents de la fonction publique ne seront cependant pas les seuls à battre le pavé, puisque les fédérations santé-sociaux de la CGT, de Sud et de l’Unsa ont invité les travailleurs sociaux et les salariés des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux du secteur privé (lucratif ou non) à se joindre au cortège.
Une invitation à laquelle les fédérations de l’action sociale des autres centrales ne se sont pas jointes – même si certaines la soutiennent comme la FNAS-FO – afin de ne pas disperser les revendications. « La CFDT appelle à la grève dans toutes les fonctions publiques uniquement. Les mots d’ordre sont contre les jours de carence, la diminution de l’indemnisation-maladie, le non versement de la garantie individuelle de pouvoir d’achat, l’augmentation du point d’indice, la création d’emplois ou la refonte des grilles salariales dans la fonction publique », détaille Benjamin Vitel, secrétaire national de la CFDT Santé-sociaux. En filigrane, l’idée est aussi d’éviter de pirater la négociation en cours sur l’élaboration d’une nouvelle grille des classifications et des rémunérations dans la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale (Bass), en créant une confusion entre les revendications du secteur associatif non-lucratif et celles du secteur public.
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Plus de moyens pour le secteur associatif
A Paris, le cortège doit partir de l’esplanade du ministère des Finances à 14 heures pour rejoindre la porte d’Italie. « Les ministères de la Santé et des Solidarités nous ont répété tant de fois qu’ils ne pouvaient rien faire à cause des blocages de Bercy qu’on a décidé de se rassembler directement devant vu que c'est là qu'est le pognon !», s’amuse Stéphane Le Cossec, de la CGT Action sociale.
Dans les rangs cégétistes, en tous cas, on se réjouit du renfort des travailleurs sociaux dont les revendications ne sont pas jugées si loin de celles des fonctionnaires : « On demande aussi plus de moyens pour le secteur associatif, les éducateurs spécialisés, le médico-social qui ne sont plus en mesure d’assurer leurs missions. On voit de plus en plus de structures contraintes de licencier faute de soutien budgétaire des départements. Les travailleurs sociaux sont aussi de plus en plus nombreux à abandonner le métier à cause de salaires trop bas. On n’a pas vu d’augmentation des rémunérations dans le champ de la convention collective 66 depuis le passage à l’euro ! On ne peut pas accepter ce PLFSS que le gouvernement veut nous imposer par le 49-3 ! », poursuit le syndicaliste.
Les syndicats espèrent une mobilisation massive. Mais redoutent toutefois de voir leur mouvement invisibilisé par les conséquences du vote de la motion de censure contre le gouvernement Barnier, ainsi qu’une certaine fatigue des troupes après une bataille finalement perdue contre une réforme des retraites que le gouvernement d’alors avait là aussi fait passer par le biais du 49-3…