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En France, 5 millions de personnes sont riches, voire très riches

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Crédit photo stevepb- Pixabay
Dans son rapport « Les riches en France », publié le 8 juin, l’Observatoire des inégalités définit, pour la première fois, un seuil de richesse situé à 3 470 € mensuels nets d’impôts. De quoi donner du grain à moudre à la lutte contre les inégalités.

L’Observatoire des inégalités vient de publier un rapport intitulé « Les riches en France ». Une première dans notre pays, où jamais n’a été établi un seuil de richesse alors qu’une abondante littérature existe sur les plus démunis et qu’un seuil de pauvreté est fixé. L’organisme indépendant propose d’établir ce seuil de richesse au double du niveau de vie médian, soit 3 470 € par mois après impôts pour une personne seule, 5 200 € pour un couple et 7 300 € pour un ménage avec deux enfants. Cinq millions d’individus vivent au-dessus de ce seuil.

« A partir de ce montant, on rentre dans les 8,2 % de personnes les plus aisées en France, précise Louis Maurin, président et directeur de l’Observatoire. Ce seuil est critiquable, beaucoup le trouveront sûrement trop bas, Mais notre objectif est de susciter un débat sur la distribution des revenus dans notre pays et sur la manière dont l’Etat pourrait lutter contre les inégalités. »

Autant de pauvres que de riches

De fait – et c’est une des conclusions inédites de ce rapport –, en France, les riches sont aussi nombreux que les pauvres, puisque cinq millions de personnes vivent avec moins de 867 € par mois. Reste que, pour les 8,2 % de privilégiés, le seuil de 3 470 € est une base car, au-delà de ce montant, les chiffres s’envolent. En moyenne, les 10 % de Français les plus riches ont un niveau de vie équivalent à 5 000 € par mois pour un célibataire, et les 1,1 % les plus argentés à près de 15 000 €. Quant aux revenus des ultrariches – « une poignée de grands patrons et de stars du football » –, ils dépassent un million d’euros par mois. Ce qui fait de la France le pays où les 1 % de Français les plus fortunés ont le niveau de vie le plus élevé d’Europe, hormis en Suisse. « Oui, les riches sont très riches en France, même après avoir payé leurs impôts », pointe le rapport.

En plus des revenus, le patrimoine

La richesse se définit aussi par le patrimoine (immobilier, dépôts bancaires, actifs financiers…). Or 23 % des ménages détiennent au moins le double du patrimoine brut médian, soit plus de 320 000 €, et 16 % possèdent au moins le triple, soit 490 000 €. Là encore, les disparités sont importantes : environ 2,9 millions de ménages (soit environ 6 millions de personnes) ont un minimum de 607 700 € de biens – seuil d’appartenance aux « hauts patrimoines », selon l’Insee. La France compte également 1,2 million de millionnaires (4 % des ménages). Au sommet, la fortune de Bernard Arnault et de sa famille est évaluée à 70 milliards d’euros, l’équivalent de l’ensemble des logements de la ville de Toulouse.

Un club de privilégiés plutôt âgés

Parmi les hauts revenus, 70 % ont plus de 50 ans, 65 % n’ont pas d’enfants à charge et 82 % sont propriétaires de leur logement. Lorsqu’ils sont salariés, 51 % sont des cadres supérieurs, auxquels s’ajoutent des travailleurs indépendants (avocats, médecins, pharmaciens, juristes, conseillers financiers, agents immobiliers…). En matière de patrimoine, 40 % sont retraités, et 64 % de ceux qui possèdent beaucoup de biens sont cadres supérieurs, professions libérales, artisans, commerçants ou chefs d’entreprise. Un tiers des 10 % les plus riches vit en région parisienne, dans les quartiers de l’ouest de Paris et certaines communes des Hauts-de-Seine comme Neuilly-sur-Seine. Deux tiers des plus aisés sont en province, dans les zones résidentielles de Lille, de Mulhouse, de Marseille, de Strasbourg, d’Annecy…

Les classes moyennes distanciées

Faute d’un seuil de richesse préalablement fixé par l’Insee – qui estime, selon Louis Maurin, que « celui-ci n’est pas une question sociale » –, il est difficile d’évaluer l’évolution de la richesse en France. Des travaux indiquent cependant que le nombre de personnes aisées est relativement stable entre 1996 et 2014. Il n’en va pas tout à fait de même pour leurs revenus : l’écart entre les classes moyennes et les riches s’est creusé de 8 500 € annuels entre 1996 et 2017. Les gros patrimoines augmentent également : le nombre de personnes ayant payé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) a presque triplé entre 1999 et 2010 et a augmenté de 22 % entre 2011 et 2017, année de sa suppression.

Depuis 2018, « de manière générale, le contexte est redevenu plus favorable à la France aisée. Le ralentissement de l’activité économique et la montée du chômage qui s’annoncent vont peser très fortement sur les catégories populaires », note les auteurs du rapport. Pas question de demander le même effort à tous ceux qui dépassent le seuil de richesse, mais « une taxation progressive en fonction des revenus des plus riches pourrait s’envisager », estime Louis Maurin. Et de conclure : « Le problème en France est que les riches sont toujours les autres. »

 

 

 

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