L’aide sociale à l’enfance (ASE) est au cœur de l’actualité. Trois ans après un premier reportage qui dénonçait les défaillances de l’ASE, M6 a diffusé, le 16 octobre, un nouveau numéro de Zone Interdite, intitulé Familles d'accueil, hôtels sociaux : le nouveau scandale des enfants placés. Si la méthode est contestée, les difficultés de travail des professionnels sont, elles, avérées. La preuve : « Après de multiples incidents graves », dont l’agression d’une de leurs collègues, les agents de la protection de l’enfance du XXe arrondissement de Paris sont en grève depuis le 20 octobre.
A Paris, les professionnels se mobilisent
A l’appel de la CGT SSCAAT (Santé-social-culture-administratif-architecture-technique), du SUPAP-FSU (Syndicat Unitaire des Personnels des Administrations Parisiennes) et de l’UCP (Union des Cadres de Paris), un rassemblement de tous les services parisiens de la protection de l'enfance a eu lieu, le 27 octobre, devant les locaux de la Direction des solidarités (DSOL).
Ça craque à l’aide sociale à l’enfance dans le 20e et à Paris: sous effectif, manque de moyens, insuffisance de réponse adaptée à l’accueil des enfants. Soutien à leur grève suite à l’agression d’une collègue ! Stop à la maltraitance institutionnelle et à la souffrance des agents pic.twitter.com/YWexfeb9eF
— Danielle Simonnet (@SimonnetDeputee) October 21, 2022
L’occasion pour les professionnels de rappeler leurs revendications : arrêt immédiat de la mise en attente des mineurs sans solution d’accueil dans les services de l'ASE, augmentation des possibilités d’accueil, création de postes, respect et reconnaissance du temps de travail réellement effectué, extension de la prime Ségur à tous les agents, protocole d’intervention en cas d’évènements graves, etc.
Un millier d’enfants sans solution durable dans le Nord
Ces réclamations sont celles de tous les professionnels de la protection de l’enfance, sur l’ensemble du territoire. Ainsi, dans une tribune publiée le 17 octobre dernier, travailleurs sociaux, juges et avocats du Nord ont alerté, eux aussi, sur l'état catastrophique du secteur. Ils déplorent, avant tout, un manque chronique de places en foyer qui les empêche de bien accompagner les enfants. « Près d’un millier d’enfants confiés au département du Nord par la justice ne sont aujourd’hui pas protégés », notent-ils.
Sur ce territoire, selon les signataires de la tribune (soutenus par SUD Solidaires, le Syndicat de la Magistrature et le Syndicat des Avocats de France), entre 2015 et 2019, plus de 300 postes de travailleurs sociaux et médico-sociaux de terrain ont été supprimés, le financement de la quasi-totalité des clubs de prévention a été suspendu, 700 places en foyers de l’enfance ont été confisquées et les enveloppes financières des allocations mensuelles d’aide sociale à l’enfance ont été drastiquement réduites.