Au sein de l’Association nationale des assistants de service social (Anas), nous pourrions être favorables à l’idée de qualifier des professionnels par le biais de la VAE si le métier d’assistante sociale pouvait complètement et parfaitement s’apprendre sur le tas. Sauf que le diplôme d’Etat d’assistant de service social (DEASS) atteste d’une maîtrise technique, sociale, professionnelle et déontologique que la VAE ne permet pas.
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Je peux comprendre que certains des 12 autres diplômes du travail social(1) puissent être accessibles par la VAE, afin de combler les difficultés de recrutement que rencontre notre secteur, mais ce n’est pas le cas du nôtre, même si, dans les faits, des passerelles existent déjà. Pour répondre aux besoins, les employeurs recrutent actuellement des travailleurs sociaux, en lieu et place d’assistantes sociales, mais nous n’approuvons pas le principe. L’article L. 411-1 du code de l’action sociale et des familles est bien clair : « Peuvent porter le titre professionnel ou occuper un emploi d’assistant de service social les titulaires du diplôme d’Etat français d’assistant de service social. »
Un cursus éthique
La première raison qui nous pousse à refuser la VAE est que notre profession s’appuie sur un code de déontologie élaboré par l’Anas – que nous avons d’ailleurs réédité l’an passé – qui fait référence, afin de garantir que les professionnels qui sortent des centres de formation sauront bien offrir un accompagnement de qualité.
La deuxième raison tient à la spécificité du cursus de formation, qui comprend des enseignements théoriques, méthodologiques, appliqués et pratiques (1 740 heures d’enseignement purement théorique et 1 820 heures de formation pratique). La pratique est strictement encadrée par des professionnels, eux-mêmes contrôlés par le centre de formation dans un dispositif nommé « site qualifiant » (arrêté du 22 août 2018 relatif au DEASS, art. 4). Les futurs diplômés sont suivis par des collègues expérimentés et bénéficient de leur savoir-faire.
Reconnaissance internationale
Troisième raison enfin : le cursus académique confronte les candidats à de nombreuses situations et publics différents (enfants, migrants, etc.), là où une personne ayant « fait office » et qualifiée par la VAE sera peut-être mono-tâche, spécialisée sur un seul type d’accompagnement.
Bref, la VAE correspond à ce que recherchent les employeurs quand le diplôme d’Etat, lui, est autrement plus exigeant au bénéfice des personnes accompagnées. Sans compter que le DEASS est reconnu à l’international et permet à une assistante sociale formée en France d’exercer à l’étranger. C’est par exemple le cas pour le Québec. Cette possibilité n’est pas forcément offerte aux personnes formées par le biais de la VAE.
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Notes
(1) Diplômes d’Etat : d’accompagnant éducatif et social (DEAES) ; d’assistant familial (DEAF) ; de moniteur-éducateur (DEME) ; de technicien de l’intervention sociale et familiale (DETISF) ; d’éducateur technique spécialisé (DEETS) ; d’éducateur de jeunes enfants (DEEJE) ; d’éducateur spécialisé (DEES) ; de conseiller en économie sociale familiale (DECESF) ; de médiateur familial (DEMF) ; d’ingénierie sociale (DEIS). Certificats d’aptitudes aux fonctions : d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale (Caferuis), de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale (Cafdes).