Signés en juillet dernier, les accords du Ségur de la santé avaient pour le moment abouti à des revalorisations salariales pour les soignants, à hauteur de 8,5 milliards d’euros. En fin de semaine dernière, le Premier ministre, Jean Castex, et le président de l’organisation Régions de France, Renaud Muselier, ont tenté de lui donner un nouvel élan en lançant « le plan d’augmentation des places en formations sanitaires et sociales ». Cet accord, qui contribue aussi au déploiement du plan France Relance, vise à répondre « aux tensions récurrentes en matière de ressources humaines qui affectent les établissements de santé, les établissements médico-sociaux et les services d’aide à domicile dans tous les territoires sans exception ».
En pratique, une enveloppe dédiée de 200 millions d'euros va permettre la création, d'ici à 2022, de 16 000 nouvelles places au sein des instituts de formation : 6 000 pour les métiers d’infirmiers, 6 600 pour ceux d’aides-soignants et 3 400 pour ceux d’accompagnants éducatifs et sociaux. De son côté, Régions de France (en charge des formations sanitaires et sociales) précise que les régions s’engagent à ouvrir 12 600 places pour les rentrées 2021 et 2022. Le communiqué commun ajoute que « le financement de cette programmation sera assuré par des crédits budgétaires de l’Etat inscrits au sein de la mission “Plan de relance” et qui seront délégués aux régions au travers d’une convention ».
« Promouvoir l’innovation dans l’offre de formation »
En réalité, comme l'indique Diane Bossière, déléguée générale de l’Unaforis (Union nationale des acteurs de la formation et de la recherche en intervention sociale), l’action est déjà en cours. « Un certain nombre de conseils régionaux ont approché les centres de formation pour savoir si nous étions prêts à accueillir des personnes en plus dans les formations initiales », assure-t-elle. Avant de préciser : « A l’Unaforis, nous sommes prêts à répondre à la demande. Encore faut-il qu’il y ait des candidats… »
Les montants dégagés par le plan devront aussi « promouvoir l’innovation dans l’offre de formation en mobilisant tous les leviers disponibles ». Il s’agit de « fluidifier les parcours, de bâtir des passerelles pour des accès directs en deuxième année d'Ifsi [Institut de formation en soins infirmiers], de créer des formations en soins infirmiers dans les universités, de simplifier l’organisation des stages, de développer la validation des acquis de l’expérience ou encore de consolider les dispositifs d’orientation vers les formations d’aides-soignants et d’accompagnants éducatifs et sociaux ». Il est également prévu un effort spécifique pour développer l’offre de formation en apprentissage, et plus largement en alternance. « La voie de l’apprentissage est une des pistes privilégiées en cette période de crise, estime Diane Bossière. Cependant, un certain nombre de freins doivent encore être levés pour pouvoir la développer. »