Avec Oser le verbe aimer dans l’éducation spécialisée, publié en 2021, Philippe Gaberan a fait voler en éclats la notion de « bonne distance », inculquée aux futurs professionnels. Deux assistantes sociales, Alexandrine Laizeau et Catherine Galopin, avait déjà fendu l’armure un an plus tôt dans Engager ses émotions dans la relation d’aide. Un ouvrage qui vient d’être réédité, et c’est tant mieux. Car force est de constater, dans le travail social ou ailleurs, que l’on ne maîtrise pas tout et qu’il faut composer avec l’imprévu, comme le souligne la sociologue Aurélie Jeantet -qui travaille sur les affects au travail- dans la préface.
Se laisser traverser par des émotions positives ou négatives, les deux professionnelles l’ont éprouvé auprès des personnes qu’elles ont accompagnées, laissant entrevoir au fil des pages que le ressenti, le sensible s’avèrent aussi importants que la technique et les savoirs pour infléchir une trajectoire. Elles l’affirment : « La revendication de nos émotions n’est pas la porte ouverte au chaos. » Au contraire, celles-ci peuvent jouer un rôle essentiel dans l'accompagnement, Et si à la juste distance se substituait enfin la juste proximité `?
>>>> A lire : « Engager ses émotions dans la relation d’aide », Alexandrine Laizeau et Catherine Galopin, éd. Presses de l’EHESP, 22 €.