Parmi les professionnels du travail social, les éducateurs et éducatrices spécialisés constituent la catégorie qui quitte le moins son métier… et qui, sur le plan salarial, gagne à ne pas le faire ! C’est ce qui ressort d’une double étude publiée par la Drees, le 3 mars, portant à la fois sur l’observation des rémunérations de la profession sur l’année 2021 et sur les trajectoires professionnelles de celles et ceux qui l’exerçaient durant la décennie 2011-2021.
En 2021, on comptait 116 000 éducateurs spécialisés. Parmi lesquels 79 % de femmes. Première observatoire, au regard de leur trajectoire de carrière à neuf ans : leur relative stabilité professionnelle. Ceux qui sont entrés dans le métier en 2011 ou 2012 étaient encore 51 % à l’exercer en 2021 (avec une prédominance des femmes et des diplômés du supérieur). Pour la Drees, il s’agit du « taux de maintien le plus élevé parmi les professions sociales ».
15 % restent dans le secteur social après une reconversion
Pour 17 % de ces professionnels, lorsqu’un changement de carrière intervient, il concerne un abandon du secteur social ou médical pour aller vers d’autres professions comme formateur ou animateur de la formation continue, agent administratif ou assistant(e) maternel(le). Néanmoins, 15 % de ceux qui quittent le métier demeurent dans le secteur social et évoluent essentiellement vers des postes d’assistants de service social (36 %) ou de cadres de l’intervention socio-éducatives (26 %). Et 6 % rejoignent le secteur médical, illustrant, comme le souligne la Drees, « le manque de passerelles » entre ces deux mondes. Seul 1 % choisit d’abandonner le salariat pour une profession indépendante. Quant à ceux qui sortent du métier pour se retrouver sans emploi, 6 % sont en situation de chômage indemnisé, alors que 8 % n'en perçoivent pas.
2 140 € net mensuels
Cette – relative - stabilité dans le poste peut en partie s’expliquer par les garanties apportées en termes de rémunération. Ainsi, le salaire moyen des professionnels s’élevait en 2021 à 2 140 € net mensuels, avec cependant des écarts non négligeables entre la fonction publique (où la moyenne se situe à 2 370 € par mois), le secteur privé lucratif (2 000 €) et le secteur associatif (1 900 €). Soit une rémunération de 17 % supérieure à celle des autres professions du travail social.
Entre 2012 et 2021, ceux qui ont choisi de rester dans cette carrière avaient connu une progression salariale de 25 %, contre seulement 17 % pour ceux ayant bifurqué vers un autre métier. Sur le temps long, la moyenne salariale nette passe de 1 820 € pour la première année d’exercice à plus de 2 360 € après 20 ans avec une progression homogène.
La part des CDI augmente avec le temps
Cette absence de bougeotte concerne aussi les mobilités intra-professionnelles puisque sur la période étudiée, un éducateur spécialisé n’a connu en moyenne que 2,4 employeurs. La stabilité de l’emploi s’améliore d’ailleurs avec le temps puisqu’après cinq ans d’exercice, la part de CDD parmi les professionnels passe de 42 % à 6 % au profit du CDI et de 6 % à 3 % la neuvième année. Seule la part des temps partiels croît avec le temps (17 % la première année, 23 % entre la 5e et la 9e année de carrière).
Des chiffres que la Drees relativise cependant puisque la période étudiée a été marquée par la pandémie de Covid-19, ce qui a contribué à augmenter sensiblement cette proportion sur la période 2020-2021 là où elle fluctue plutôt habituellement entre 13 et 17 % sans jamais excéder 20 %.