« Peu de profils qualifiés dans les candidatures », « problèmes de suivi dans les accompagnements », « perte de repères pour les personnes accompagnées », « souffrance psychique non prise en charge », « un sentiment profond de manque de sens et d'inutilité », « obligation de "rogner" sur certains budgets »…
Les témoignages recueillis par l’Uniopss se suivent et se ressemblent. Lors d’une enquête réalisée entre le 22 et le 28 novembre dernier, l’Union interfédérale des organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux a récolté 300 retours d’expérience de responsables de structures issus de tous les champs du secteur. Le constat est sans appel : 90 % des répondants font face à des difficultés de recrutement, les deux tiers observent une dégradation de l’accompagnement et 27 % ont été forcés de fermer un service.
Déséquilibres budgétaires
Alors que la situation continue de se dégrader mois après mois, l’Uniopss a adopté le 12 décembre un nouveau projet stratégique pour la période 2024-2030 baptisé « Résolument humains ! ». A cette occasion, le réseau et ses membres ont rappelé lors d’une conférence de presse les difficultés financières rencontrées par les structures.
« Nous faisons face à l’inflation des prix sur les locaux, l’énergie, l’achat de biens qui, de fait, déséquilibre notre budget », illustre Véronique Devise, présidente du Secours catholique, ajoutant que le budget de l’association est en déficit pour l’année 2023. « Même une très grande association qui gère 1 milliard d’euros de budget et qui a 15 000 salariés peut connaître un certain nombre de difficultés, pour ne pas dire un grand nombre », abonde dans son sens Alain Rochon, membre du bureau d’APF France handicap et trésorier de l’association.
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Stéphane Buzon, directeur général du pôle séniors des Diaconesses au sein de la fédération de l'entraide protestante de Strasbourg, rappelle quant à lui que près de 80 % des Ehpad publics et privés à but non lucratif du Grand Est étaient déficitaires en 2022 et que ce pourcentage risque d’augmenter en 2023.
Le professionnel alerte par ailleurs sur la stagnation des moyens financiers consacrés au personnel. Cela « conduit invariablement à un management des ressources humaines par restriction qui met à mal le dévouement et les valeurs des salariés du secteur », explique-t-il. Et d’ajouter : « Ces salariés sont souvent eux-mêmes en situation de précarité. »
Les actions. Pour tenter de répondre aux besoins urgents, l’Uniopss a décidé de quatre actions en conseil administratif.
- L’envoi d’une lettre ouverte au président de la République lui demandant de recevoir les associations adhérentes de l’Uniopss. L’objectif : que celles-ci lui exposent directement les réalités vécues sur le terrain.
- Un appel à la mobilisation la semaine du 18 février 2024 afin de réaliser le bilan de la Conférence des métiers qui s’était tenue à cette même date en 2022 et au cours de laquelle des engagements avaient été pris.
- L'Uniopss demande des travaux concrets pour faire connaître la trajectoire des finances publiques pour permettre la revalorisation des métiers. Dans le même sens, elle souhaite la mise en place du Comité des métiers socio-éducatifs, promis par Jean Castex à la Conférence des métiers de 2022. Cette instance doit permettre « d’organiser dans la durée un pilotage dynamique et resserré des différents chantiers », avait annoncé le Premier ministre d’alors.
- L'Union demande également le report de l’enveloppe de 150 millions d’euros votée dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, et dédiée à améliorer la situation des salariés les moins bien rémunérés, dans le PLFSS 2024. L’Uniopss souhaite par ailleurs que cet argent soit débloqué indépendamment d’un aboutissement des négociations conventionnelles.
En résumé, la fédération appelle à des « perspectives claires et pluriannuelles pour la revalorisation des métiers de l’humain, en situation de sur-place depuis deux ans ».
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