Dans un joyeux brouhaha entrecoupé de rires étouffés, les étudiants de l’Irfase se pressent vers l’estrade pour prendre place autour de Charlotte Caubel. Clap de fin de l’intervention de la secrétaire d’Etat chargée de l’enfance. Les participants à la photo souvenir organisée pour clore l’événement sont à l’image de l’ensemble de l’auditoire : charmés et admiratifs. Au milieu des étudiants, visiblement flattés d’être en si prestigieuse compagnie, Charlotte Caubel se fond comme un poisson dans l’eau, glisse une plaisanterie à l’oreille de l’un, échange avec aisance quelques mots à un autre. « Elle est cool, la ministre ! », chuchote une étudiante à sa voisine.
« Elle connait son sujet »
Pas de doute : la rencontre de la secrétaire d’Etat avec les aspirants travailleurs sociaux qui se tenait hier dans l’amphithéâtre prêté par une école voisine, à Evry, a été un succès. Une opération séduction réussie. Auprès des étudiants d’abord. « La ministre n’a pas été trop théorique : on voit qu’elle connait son sujet, qu’elle est au fait des réalités », apprécie Cayla, étudiante en deuxième année pour devenir assistante maternelle. Auprès de l’équipe de l’école aussi. « Charlotte Caubel sait de quoi elle parle, elle a une vraie connaissance du terrain, confirme Elizabeth Rozsa, coordinatrice de formation EJE. Elle a une approche simple et une écoute attentive ».
Certes, la ministre a engagé les intervenants à poser toutes les questions, « mêmes les plus embêtantes ». Il n’empêche que toutes les conditions étaient réunies pour que la rencontre se déroule sans remous. Policés et respectueux, les intervenants ont évité les sujets qui fâchent. A l’image d’une question sur le port du voile par un jeune, où on n’a pas sollicité la membre du gouvernement. La ministre s’est aussi vu épargner d’éventuels débordements des étudiants, qui devaient poser leurs questions par écrit et n’ont pas eu accès au micro.
La positive attitude
Quoi qu’il en soit, l’attitude résolument positive et encourageante de Charlotte Caubel a été très appréciée. « J’ai trouvé cette rencontre intéressante et enrichissante, se réjouit Tess, étudiante en première année. Toujours parler des difficultés du métier peut être décourageant. J’ai apprécié que la ministre mette en avant les avantages plutôt que les inconvénients ». Au point qu’on ne peut s’empêcher de se demander si au-delà d’un état d’esprit constructif, la posture ne permet pas opportunément d’éluder les problématiques gênantes. « Je préfère parler de difficultés, plutôt que de crise profonde : je n’en ai pas envie, puisque vous êtes là », relativise Charlotte Caubel.
Mais « la richesse et le caractère indispensable » des métiers du social impliquaient-ils d’effleurer la question sur les financements posée par un étudiant, qui ne serait « pas tant un sujet » ? Le fait que les familles « aient besoin de vous », qu’on puisse « compter sur vous à l’avenir » empêchait-il d’approfondir les sujets des pénuries de personnels et la précarisation des métiers du secteur ? « Malheureusement, rétorque un professionnel avec résignation, ce genre d’événements laissent rarement la place d’entrer dans le cœur des débats ».