La situation du recrutement dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux à but non lucratif demeure encore particulièrement tendue. En dépit de besoins croissants de personnel, les employeurs peinent à attirer la main d’œuvre nécessaire pour occuper les postes qu’ils ont à pourvoir. Pire : la situation s’est même aggravée entre 2021 et 2023 à en croire le second baromètre des tensions RH que vient de publier Axess, la confédération patronale chapeautant Nexem et la Fehap, les deux principales fédérations d’employeurs du secteur.
4,4% de postes vacants
Selon les résultats de l’enquête menée fin 2023 auprès d’un échantillon d’adhérents des deux organisations patronales, il ressort que les établissements comptent près de 4,4% de postes vacants. Au total, près de 35 000 postes ne trouveraient pas preneurs au sein du périmètre d’Axess. Ils n’étaient « que » 30 000 en 2021. Selon les secteurs, la situation est plus ou moins critique : ainsi, 60% des employeurs de l’hospitalisation à domicile font état d’une aggravation des tensions sur le recrutement. Ils sont 70% dans le domaine de l’accueil-hébergement-insertion. 74% pour la psychiatrie. 79% pour l’accompagnement des adultes en difficulté spécifique. 87% dans la petite enfance. 92% pour les personnes âgées. Et quasiment 100% dans le secteur des dialyses.
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« 92% des répondants ont peiné à recruter sur les neuf premiers mois de 2023 : tous les métiers sont touchés. Les durées de vacance de poste dépendent de la filière métier. Elles sont plus longues pour les métiers médicaux et de soins. Ainsi 74% des répondants déclarent des vacances de postes de plus de 3 mois pour le personnel médical, contre 50% pour les professions paramédicales, et 14% pour le personnel administratif et logistique dans son ensemble », estime Axess.
Moins de postulants, plus de démissionnaires
Au manque d’attractivité de ces secteurs s’ajoute une diminution de candidatures spontanées et même de réponses aux offres d’emploi dans les établissements sociaux et médico-sociaux à but non-lucratifs. L’enquête dévoile ainsi un manque général d’infirmiers et d’infirmières dans tous les secteurs, d’éducateurs spécialisés dans ceux du handicap, de la protection de l’enfance et de la protection juridique des majeurs, et de personnel médical ou d’aides-soignants dans les établissements dédiés au handicap ou aux personnes âgées. Principale raison invoquée : le faible niveau des rémunérations et le tassement des grilles salariales, invoqués par 86% des répondants, bien avant les difficultés dus au rythme de travail (79%), l’épuisement professionnel et les burn-outs (76%) et les changements d’orientation professionnels (69%).
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Une situation que le Ségur de la Santé, qui a creusé l’écart entre salariés ayant bénéficié de l’augmentation de 183 euros et ceux qui n’ont pas eu droit, a contribué à aggraver, même si dans des proportions moindre en 2023 qu’en 2021. Tout comme les sept revalorisations du Smic depuis deux ans qui ont contribué à tasser les grilles salariales autour du salaire minimum. Résultat : le taux de démissions grimpe en flèche dans les établissements du périmètre Axess pour se fixer à 21,4%. En augmentation depuis la dernière édition du baromètre.
Le logement, facteur aggravant
Pour autant, d’autres facteurs aggravants émergent de l’enquête. A commencer par la propension grandissante de certains professionnels à papillonner entre différents employeurs, préférant le recours aux CDD, voie à l’intérim, plutôt que signer un CDI. Mais aussi la difficulté croissante de l’accès au logement à proximité des établissements employeurs qui poussent parfois les candidats à renoncer à certains emplois. « Ce facteur est essentiel pour certains postes impliquant des horaires atypiques (travail le dimanche, de nuit, heures d’embauche très tôt le matin et très tard le soir). Avec déjà des rémunérations faibles, des coûts de logement ou de carburant importants, ce sont des recrutements qui ne se font pas. », déplore Axess.
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Faute de personnel, les établissements n’ont pas le choix que de réduire l’offre de services. 30% des sondés disent ainsi avoir du fermer des lits ou des places. 29% ont réduit leur file active. Et 26% ont gelé des places. Par ailleurs, 70% des établissements interrogés indiquent avoir été contraints de recourir aux heures supplémentaires pour compenser l’absence de main d'oeuvre .