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Asile : septième jour de grève des agents de l’Ofpra

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« Les agents de l’Ofpra ont reçu le soutien, sur les réseaux sociaux et sur le piquet de grève, de plusieurs parlementaires et du maire de Fontenay-sous-Bois, qui ont rappelé la justesse et la légitimité de leurs revendications en faveur du droit d’asile et d’un service public de qualité pour les demandeurs et demandeuses d’asile et les personnes protégées », indique un communiqué rendu public le 7 mars.

Crédit photo Anouk Lerais / CGT Ofpra
Avec la poursuite d’une mobilisation sociale amorcée à l’automne dernier, de nombreux agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) dénoncent le rythme de travail qui leur est imposé. Les objectifs gouvernementaux et le manque de personnel rendraient dysfonctionnelle leur mission de service public.

« Nos revendications sont claires. Des recrutements couplés à la baisse des objectifs chiffrés sont nécessaires », affirme Anouk Lerais, co-secrétaire générale de la CGT Ofpra, lors d’une manifestation de salariés organisée le 6 mars devant le siège de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
Le lendemain, au septième jour d’une grève débutée en octobre, le mouvement se poursuit. Sur 1 000 salariés, environ 200 agents (chiffres syndicats) et 130 selon l’Ofpra se mobilisent pour voir stopper les conditions de travail délétères qu’ils subissent. En cause, le renforcement d’une politique « du chiffre » qui nuit à la qualité de mission de service public de l’établissement.

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Le préavis de grève, qui court du 27 février au 31 mars, s’inscrit dans le contexte des négociations entre la direction et ses ministères de tutelle (Intérieur et Budget) du contrat d’objectifs et de performance (Cop) pour 2024-2026. « Ce document fixe la charge de travail de l’ensemble des agents de l’Ofpra et les moyens qui sont attribués à l’établissement pour assurer ses missions », rappelle un communiqué co-signés par les syndicats Asyl (Action syndicat libre Ofpra) et CGT Ofpra, représentatifs majoritaires du personnel et dépositaires du préavis de grève. « Confrontés depuis longtemps à un rythme de travail et de productivité effréné, avec comme seul objectif la réduction constante des délais d’instruction des demandes d’asile, les agents revendiquent une baisse de 25 % des objectifs chiffrés imposés à l’ensemble des services de l’Office », détaille les organisations syndicales. « Cette revendication se situe en deçà des préconisations du rapport rendu courant 2022 à la direction de l’Ofpra par la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), et qui n’a pas été communiqué aux personnels de l’Office avant la publication récente d’un article de Mediapart », signale le communiqué. De quoi mettre le feu aux poudres…

Illogisme structurel

En effet, afin d’atteindre les objectifs du gouvernement, c’est-à-dire ramener les délais d’instruction de la demande d’asile à deux mois et pour atteindre, en parallèle, ceux des Cop, à savoir traiter 13 000 demandes individuelles sur l’année, de nombreux agents ne s’y retrouvent pas entre leurs objectifs et la teneur de leurs missions. « Cette année, nous avons des rappels de productivité très importants dans un contexte de fatigue des équipes et de sous-effectif », explique Anouk Lerais. « Tous les services sont concernés par ces objectifs de volume. On nous en demande toujours plus. Mais évaluer le travail de professionnels sur des questions humaines n’est pas acceptable. Nous estimons, par exemple, que les entretiens avec les demandeurs d’asile doivent s’effectuer sereinement en prenant le temps nécessaire », pointe-t-elle. Contacté par la rédaction des ASH, Julien Boucher, directeur général de l’Ofpra, appelle à la patience : « Certains sujets de préoccupation relayés par les organisations syndicales font l’objet de travaux toujours en cours, notamment celui des objectifs assignés aux officiers de protection instructeurs, qui sont chargés de l’examen des demandes d’asile. »

Côté recrutement, s'il y a eu des embauches au pôle « Instruction » de l’établissement, le pôle « Protection » ne dispose pas de ressources humaines supplémentaires pour répondre aux besoins. Conséquences : des personnes dont la protection internationale est reconnue se voient reléguées à des situations administratives complexes durant des mois, parfois une année. « Il est hypocrite de demander aux salariés d’accentuer la cadence sur les instructions si aucune attention n’est portée à l’intégration des personnes bénéficiaires de la protection internationale », fustige la représentante du personnel.

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Selon les salariés mobilisés, le manque de personnel dans les services des ressources humaines, de l'informatique ou du budget sont autant d’autres sources de dysfonctionnements. Sans embauche face à des effectifs globaux qui ont doublé en dix ans, des pannes informatiques massives ou des surcharges de travail sont dénombrées.

Manque de reconnaissance

Sur ce volet-là, Julien Boucher se défend : « Depuis le début de ce mouvement social, des avancées significatives ont été réalisées sur les revendications qui se sont exprimées : ainsi, les agents contractuels de l’Office ont bénéficié d’une importante revalorisation de leur rémunération. » Concrètement, la loi de finances pour 2024 a prévu la création de 16 emplois destinés à renforcer les services chargés de l’état civil des bénéficiaires de la protection internationale, venant s’ajouter aux 8 déjà créés en 2023. Précédemment, 200 emplois supplémentaires avaient été budgétés par la loi de finances pour 2020. « Diverses mesures ont été prises, au sein de l’établissement, pour favoriser la qualité de vie au travail, notamment en ce qui concerne le télétravail », indique, par ailleurs, le directeur général.

Arrêts maladie de longue durée, turn-over des agents d’instruction et tensions quotidiennes restent toutefois sur la liste des défaillances pointées par les grévistes. Par exemple, sur l’année 2022, 44 000 heures supplémentaires non rémunérées ni récupérées ont été dénombrées, ce qui équivaut à 27 postes à temps plein. « La souffrance est généralisée. En témoigne, le fait que des agents se mobilisent régulièrement depuis six mois. D’autant plus que l’Ofpra n’est pas un établissement avec une culture de la grève », souligne Anouk Lerais.

Pour sa part, Julien Boucher assure qu’il reste attentif à ce que les performances attendues ne soient pas atteintes « au détriment de la qualité des décisions ou de la qualité de vie au travail des agents, dans un contexte de complexification de l’examen des demandes d’asile ».  Alors que les salariés disposent déjà de leurs fiches d’objectifs pour 2024, dont le contenu est similaire à celui de l’an dernier, c’est-à-dire 386 décisions dans l’année pour un officier de protection, le directeur général s’engage. Des discussions auraient lieu avec les tutelles de l’établissement pour rechercher le meilleur équilibre entre les exigences.

De leur côté, les syndicats mobilisés se sont vu refuser l’entrée au ministère du budget, où ils souhaitaient se faire entendre.

> Le communiqué des organisations syndicales
 

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