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"Nous espérons aboutir à un accord-cadre particulièrement ambitieux pour l’ESS" (Udes)

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"Nous recensons des métiers en tension dans les champs de la petite enfance, du sanitaire, social et médico-social, de l’aide à domicile, du tourisme social, de l’animation ou de l’éducation populaire", estime David Cluzeau.

Crédit photo DR
La négociation sur le « mieux être au travail » au sein de l’économie sociale et solidaire (ESS) arrive dans son dernier tiers. Il s’agit d’avancer sur les carrières et l’attractivité, le recrutement, le maintien dans l’emploi des seniors ou encore l’aidance. Entretien avec David Cluzeau, président de la commission des affaires sociales de l’Udes et chef de file de la délégation des employeurs.

Les partenaires sociaux de l’ESS se sont lancés, depuis bientôt un an, dans une négociation qui doit aborder la question des transitions démographiques et leurs conséquences sur l’emploi. L’Udes, côté patronal, et les syndicats de salariés ont prévu de balayer large afin d’aboutir à un accord dans un secteur particulièrement concerné par les questions d’attractivité.

ASH : Quelles sont les problématiques de la négociation sur les parcours professionnels et l’attractivité des métiers de l’ESS ?

David Cluzeau : Contrairement aux négociations du champ interprofessionnel* qui doivent se tenir dans des délais fixés par l’Etat, celles du secteur multiprofessionnel ne sont pas bordées par un calendrier rigide. Nous avons convenu, avec les syndicats de salariés, d’un agenda de négociation qui a débuté en janvier 2024 et devrait s’achever dans le courant du premier semestre 2025. Cela nous laisse le temps d’aborder ce sujet majeur que sont les transitions démographiques et leurs conséquences dans le monde du travail. C’est une problématique particulièrement importante dans l’ESS puisque, tout d'abord, la proportion de salariés âgés de plus de 50 ans y est plus présente que dans d’autres secteurs économiques et que, en outre, nos entreprises sont confrontées à d’importants problèmes de recrutement, alors que 500 000 salariés doivent partir à la retraite durant les dix prochaines années.

La négociation doit prendre le sujet dans son ensemble, et nous avons donc choisi d’aborder l’ensemble des étapes jalonnant la carrière des salariés de notre secteur. Cela s’étend des problématiques d’emplois des jeunes, jusqu’à la pré-retraite, en passant par le recrutement, les conditions de travail, la montée en compétences ou l’accompagnement des deuxièmes partie de carrière. Le travail est colossal, mais en bout de course, nous espérons aboutir à un accord-cadre particulièrement ambitieux pour l’ESS !

Les partenaires sociaux de l’ESS ont également choisi de faire de l’aidance un élément central de la négociation. Comment l’abordez-vous ?

Nous espérons que le futur accord puisse poser la première pierre de la création d’un véritable statut de l’aidant dans l’ESS. Les accords du secteur multiprofessionnel n’ayant pas vocation à être transcris dans la loi contrairement à ceux de l’interpro, il ne s’agira pas de définir un véritable statut juridique qui s’imposera à tous, mais au moins de donner à nos entreprises et à nos branches une feuille de route pour leurs propres accords. Nous avons notamment prévu d’aborder plusieurs questions comme celles des congés exceptionnels pour les aidants, les dons de jours de congés entre salariés, les autorisations d’absence exceptionnelles pour raison d’aidance, l’aménagement particulier du temps de travail, etc.

Il est également question de lutte contre l’obsolescence des compétences. Quels sont les mécanismes à l’étude ?

L’ESS est déjà très armée sur ce plan puisque la plupart de nos branches ont déjà mis en place des contributions conventionnelles extra-légales pour renforcer les plans de développement des compétences de leurs entreprises adhérentes. Les mesures qui sont encore en discussion dans le cadre de cette négociation prévoient particulièrement d’offrir aux employeurs et aux salariés du secteur des moyens pour mieux appréhender les différentes perspectives de carrière de l’ESS et d’anticiper l’évolution des métiers. Nous comptons également établir un état des lieux de tous les mécanismes d’évolution de carrière existant déjà dans notre champ et insuffisamment utilisés.

Quels secteurs de l’ESS sont actuellement confrontés à des besoins particuliers en matière de recrutement et d’évolution des compétences ?

Quasiment tous ! Nous recensons des métiers en tension dans les champs de la petite enfance, du sanitaire, social et médico-social, de l’aide à domicile, du tourisme social, de l’animation ou de l’éducation populaire. Globalement, l’ensemble du secteur est impacté. Nous rencontrons également de forts besoins en matière de recrutement de cadres, ce qui nous distingue peut-être du secteur de l’économie marchande. Et ce besoin de personnel d’encadrement va exiger non seulement des efforts en termes de recrutement, mais aussi de formation pour permettre aux salariés déjà présent de monter en compétences pour pouvoir accéder à ces emplois.


Le récent accord sur l’emploi des seniors, qui met notamment en place un « contrat de valorisation de l’expérience », pourrait-il se retrouver dans votre négociation ?

Pour l’instant, nous n’avons pas regardé en détail le contenu de cet accord. Comme il est interpro, il peut faire l’objet d’une traduction législative et s’imposera donc à l’ensemble des entreprises, ESS comprise. Nous verrons bien ce qu’il en sera. De la même façon, nous n’avons pas encore étudié cette nouvelle version du CDI seniors, mais notre projet d’accord ne prévoit pas à ce stade d’instaurer un contrat de travail spécifique aux seniors. Ce n’est d’ailleurs pas quelque chose que notre secteur réclame. Nous sommes plutôt favorable à des dispositifs destinés à lever les freins à l’emploi des salariés les plus âgés notamment en matière de coût du travail sur les salaires élevés.

>>> Sur le même sujet : Maintenir les seniors dans l’emploi : oui, mais comment ?

L’Udes vient de demander au futur gouvernement la mise en chantier d’une « grande loi travail ». Quels pourraient en être les contours ?

C’est effectivement notre intention et l’une de nos principales demandes porte sur une réforme de la représentativité patronale qui permettrait à l’économie sociale et solidaire de participer à la négociation interprofessionnelle. Nous sommes également demandeurs de nouvelles règles en matière de dialogue social et de gouvernance des entreprises, mais cela, nous souhaitons en parler en premier lieu au prochain gouvernement.

>>> A lire en plus : Budget 2025 : l’ESS risque de perdre 186 000 emplois

*Interprofessionnel : qui relève du champ de la négociation collective, où ne négocient que les organisations considérées représentatives (Medef, CPME et U2P pour le patronat ; CGT, CFDT, CFE-CGC, FO et CFTC pour les salariés). Multiprofessionnel : domaine hors du champ de la négociation collective concernant les secteurs de l’économie sociale et solidaire, de l’agriculture et des arts et du spectacle.

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