Arrêts-maladie répétés, débrayages de protestation, tensions entre salariés et supérieurs hiérarchiques, voire entre salariés entre eux… le climat dans le secteur de la santé et de l’action sociale est de plus en plus crispé, alerte la Dares dans son enquête « Conflits du travail et rémunérations » parue ce mois de février. Le portrait-robot qu’en dresse l’observation statistique est clair : les signaux de tension sociale y sont réguliers et peuvent occasionnellement se traduire par des pics de conflictualité de faible durée lorsque l’aiguille du mécontentement passe dans le rouge.
Le secteur le plus conflictuel
« Les mobilisations du secteur santé – action sociale existent depuis un certain nombre d'années, mais elles sont de plus en plus visibles, du fait de conditions d'emploi et de travail qui se dégradent », analyse Maxime Lescurieux, auteur de l’étude et responsable de l'enquête trimestrielle sur le dialogue social en entreprise (Acemo – DSE) de la Dares. Pour preuve : c’est le secteur qui connaît le plus de conflits « individuels et parfois collectifs ». 34% de ses établissements y sont confrontés, loin devant l’industrie (17%) et le commerce (17%).
Les conflits répertoriés comme « individuels et collectifs fréquents, mais courts » y surviennent aussi avec régularité. 18% des établissements sont concernés. C’est un peu moins que dans l’industrie (20%), mais plus que dans la construction (15%). Seule particularité : les conflits de longue durée – qu’ils soient individuels ou collectifs – y sont moins fréquents qu’ailleurs. 12% seulement des établissements y sont confrontés. Largement moins que dans les transports (25%) ou l’industrie (23%).
Des grèves de courte durée
En clair : dans la santé et l’action sociale, on proteste et exprime son mécontentement plus souvent qu’ailleurs, mais de façon perlée et dans le cadre de conflits moins durables. « En matière de conflictualité collective, ce groupe n’est pas concerné par les formes les plus dures. Dans ces établissements, les grèves sont pour la plupart de courte durée : 25 % des établissements ont connu une grève dont la durée est systématiquement de moins de deux jours, 31 % des établissements ont été confrontés à un débrayage. Ces établissements connaissent aussi d’autres formes de mobilisation comme des pétitions (36 %) et parfois des rassemblements (22 %) », poursuit Maxime Lescurieux.
Corrélée au niveau de rémunération, la conflictualité qui caractérise les établissements sanitaires et de l’action sociale présente aussi d’autres caractéristiques : les conflits y sont de courte durée, signe, selon l’auteur, d’ « une propension un peu plus élevée à négocier » mais également de la présence de davantage de présence syndicales et d’instances représentatives du personnel. Bref, des institutions intermédiaires chargées de canaliser le mécontentement et de le traduire en revendications auprès des directions. C’est aussi, affirme Maxime Lescurieux, le signe d’une forte féminisation des effectifs : « Le lien entre conflit et rémunération est plus visible et plus significatif lorsqu'il y a plus d'hommes que de femmes dans les entreprises ».
>>> Le rapport "Conflits du travail et rémunérations"