Ce devait être une grève du secteur de l’aide à domicile, mais elle sera finalement étendue à l’ensemble du champ de la cohésion sociale. Ce 5 mars, suite au ralliement attendu de la CFDT Santé-sociaux au mot d’ordre de mobilisation, l’intersyndicale de la santé et de l’action sociale (qui regroupe les fédérations CFE-CGC Action sociale, FO Action sociale, FO Santé privée, CGT Action sociale, CGT Santé privée, CFDT Santé-sociaux et Sud Santé-sociaux) appelle les 218 000 salariés de la branche de l’aide à domicile (BAD), mais aussi le presque million de leurs homologues du sanitaire, social et médico-social à but non lucratif (Bass) à débrayer le 1er avril prochain.
Dégradation sociale générale
Pour les syndicats, le refus du ministère du Travail d’agréer, fin février, l’avenant à la convention collective de la BAD introduisant une hausse des coefficients de grille pour les salariés de l’aide à domicile, aura été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et le point de conjoncture syndical du 26 février initialement consacré à l’observation des trajectoires salariales dans les secteurs soumis à agrément, s’est transformé en pow-wow de guerre. D’autant que, quelques semaines plus tôt, un autre avenant du secteur n'a pa reçu d’agrément, celui portant sur la revalorisation du travail de nuit, du dimanche et des jours fériés dans la convention collective 65, celle des établissements et services relevant de la branche de l’union intersyndicale des secteurs sanitaires et sociaux.
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De quoi alimenter le constat syndical sur la dégradation générale de la situation sociale dans les secteurs du sanitaire et de la cohésion sociale. « Les années précédentes, nous dispositions au moins de quelques marges de manœuvres pour les augmentations salariales de branche, mais actuellement, avec des lois de finances et de financement de la sécurité sociale qui ne prévoient aucune ligne budgétaire à cette fin, tout est bloqué », explique Benjamin Vitel, secrétaire général de la CFDT Santé-sociaux. Et faute des ressources nécessaires, de nombreux départements et plusieurs agences régionales de santé (ARS) ont d’ores et déjà prévenu qu’ils ne seraient pas en mesure d’assumer le financement des augmentations salariales pourtant acquises dans le cadre du Ségur pour tous.
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Rattrapage des salaires depuis 30 ans
La mobilisation du 1er avril constituera donc, pour le secteur, un moyen de se rappeler au bon souvenir des pouvoirs publics. Les syndicats ont prévu de se donner rendez-vous lundi 10 mars pour préparer leur plan de bataille. « Pour l’instant, rien n’est déterminé en termes de modalités de lutte. Nous sommes sur des contextes d’emplois différents : certains salariés travaillent en établissements, d’autres au domicile… nous sommes un secteur éclaté. Il y aura sans doute des grèves, des débrayages, des manifs… mais il faudra donner à chacun la possibilité de se mobiliser en fonction de sa situation », indique Benjamin Vitel.
Les revendications, en tous cas, font l'unanimité auprès des organisateurs : Ségur pour tous, amélioration des conditions de travail, création des postes nécessaires dans un secteur touché par la pénurie des recrutements, financement des établissements à la hauteur des besoins et « augmentation générale des salaires prenant en compte à minima la perte du pouvoir d’achat depuis 30 ans ».