Ce n’est pas parce que le monde du sanitaire, social et médico-social concentre son attention sur les négociations autour de la future convention collective unique étendue de la Bass que ses acteurs sociaux restent figés dans l’attente qu’une fumée blanche sortie du conclave. Nexem, l’une des principales organisations d’employeurs du secteur non lucratif, vient ainsi, mi-mars, de lancer l’acte 2 de son « Humanifest », un plaidoyer en faveur de la refondation organisationnelle de ses établissements adhérents. Après un premier volet consacré aux questions de gouvernance, d’organisation et de financement, c’est au tour du management de faire l’objet d’un projet de refonte.
"Faire repartir les modes managériaux du projet associatif"
L’ambition ne date pas d’hier. La première pierre avait été posée en octobre 2023, à l’occasion d’un séminaire des délégations régionales de Nexem. Depuis, si les travaux ont été ralentis du fait de la négociation parallèle de la CCUE, ils ne s’en sont pas moins poursuivis grâce à des contributions venues des délégations territoriales et des commissions de Nexem, ainsi que de clubs RH gravitant autour de l’organisation patronale. Avec pour objectif de rendre à nouveau séduisant un secteur qui, aujourd’hui, peine à attirer les vocations.
« Notre activité est en pleine transformation, confrontée à la fois à des changements en matière de politiques publiques, à un nouveau rapport au travail au sein de nos équipes depuis la pandémie, à une évolution des besoins chez les publics accueillis et à une crise d’attractivité des métiers. Pour accompagner ces évolutions, il est nécessaire de repenser nos modes managériaux en les faisant repartir du projet associatif », résume Dorothée Bedok, directrice générale adjointe de Nexem.
« Il y a urgence à rompre avec une culture du management uniquement directif qui a pu s’imposer dans nos établissements pour renouer avec l’humain », abonde Manuel Pélissié, directeur général de l’IRTS Parmentier et trésorier de la fédération d’employeurs. A cette fin, l’« Humanifest » de Nexem a fixé quatre axes stratégiques et douze priorités pour faire émerger les nouveaux modes de management que l’organisation appelle de ses vœux auprès de ses 11 000 structures adhérentes. Toutefois, le plaidoyer ne se veut pas impératif. Plutôt qu’un mode d’emploi dirigiste, « c’est une boîte à outils que nous proposons à nos adhérents pour que chacun s’y retrouve et se sente partie prenante », précise Manuel Pélissié.
Elargissement des conseils d'administration
Si le principal facteur d’attractivité, à savoir le salaire, reste pour l’instant à l’état de discussions dans le cadre de la négociation de la future CCUE de la branche, d’autres leviers existent, que Nexem propose à ses adhérents d’actionner pour améliorer la qualité de leur management. Avec un focus particulier sur leur gouvernance, généralement associative et bénévole, que l’organisation patronale souhaite ouvrir plus largement aux salariés, parties prenantes et autres représentants de l’entourage familial des personnes accueillies dans les établissements de soins.
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Dans les faits, la pratique existe déjà au sein de certains adhérents de la branche. Mais elle est encore inégalement mise en place et, au-delà de l’incitation à ouvrir davantage les portes des conseils d’administration afin d’y faire vivre une forme de démocratie managériale, Nexem appelle également à une meilleure valorisation des volontaires qui siègent dans les instances, soit par l’obtention de congés supplémentaires, soit par le remboursement des frais engagés dans le cadre de cette activité.
Formation, RSE et marque employeur
Cette ambition d’un meilleur management passe également par la valorisation de ceux qui exercent cette fonction au quotidien : un focus particulier est accordé à la fonction de manager de proximité, que l’organisation patronale propose de booster via un accompagnement accru et des formations appropriées. Ces dernières mobilisent des dispositifs de montée en compétences, comme le FNE-Formation ou la Pro-A (un outil en faveur de la professionnalisation que le ministère du Travail a d’ailleurs récemment proposé de rénover pour en améliorer l’attractivité). Mais Nexem n’oublie pas non plus l’importance de l’image du secteur non lucratif sur les nouvelles générations à la recherche de sens du travail.
« Comme outil d’attractivité, il y a la rémunération avant tout, bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi l’engagement et les valeurs que portent les employeurs associatifs. Nous sommes un secteur qui fait venir des managers issus du lucratif, mais qui n’exporte pas encore les siens. Il y a du travail à faire là-dessus », indique Manuel Pélissié. Un travail qui passe notamment par l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail dans les ESMS du périmètre Nexem, mais aussi par des efforts en matière de responsabilité sociale et sociétale ou de développement d’une véritable marque employeur autour de la filière des métiers du care.
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