Le temps du serrage de ceinture semble venu pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Si le budget 2025 voté ces dernières semaines pénalise moins les têtes de réseau du secteur que prévu, notamment grâce à une enveloppe supplémentaire transversale de 10 milliards d’euros pour l’ESS, les clignotants demeurent tout de même au rouge. En cause, les coupes sèches prévues dans l’insertion par l’activité économique (IAE).
Résultat, une révision drastique se profile, en raison de la baisse du financement des emplois aidés – dont les acteurs de l’ESS sont particulièrement consommateurs – auxquelles s'ajoutent les réductions attendues de subventions provenant de collectivités territoriales, elles aussi mises à la diète.
Un tiers des associations employeuses menacées
Le dernier baromètre sur la situation des employeurs associatifs élaboré par Hexopée, la fédération professionnelle de l’éducation populaire, indiquait ainsi fin 2024 qu’environ un tiers des associations employeuses ne disposaient devant elle que de trois mois de réserve de trésorerie. Quant aux prévisions de destructions d’emplois dans le secteur, elles ont à peine bougé depuis les premières moutures du PLF élaborées par le gouvernement Barnier, avec une casse sociale toujours estimée à 183 000 emplois.
>>> A lire aussi: Budget 2025 : l'ESS risque de perdre 186 000 emplois
Cellule nationale et régionales
Cette situation explique l’initiative d’ESS France, rejointe par le Mouvement associatif et l’Udes, de demander au ministère chargé de l’ESS de ressusciter la cellule de veille nationale sur la situation économique des employeurs de l’économie sociale et solidaire mise en place au moment de la crise Covid avant d’être mise à l’arrêt. « Celle-ci, connectée aux services déconcentrés de l’État et associant ESS France, permettrait de suivre la situation économique, d’objectiver les conséquences de ces défaillances en chaine et d’identifier comment les dispositifs de droit commun d’aide aux entreprises sont susceptibles d’être activés », écrit Benoît Hamon, président d’ESS France, dans un courrier adressé en février à Véronique Louwagie, ministre déléguée en charge du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de L’ESS.
Dans le projet envisagé par l’ancien titulaire du portefeuille de l’économie sociale et solidaire adressée à sa lointaine successeure, cette cellule de veille « pourrait s’articuler à un réseau de cellules régionales animées par le CRESS , en lien avec les services déconcentrés de l’État, dont les commissaires aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises, ainsi que d’autres parties prenantes publiques ou privées ». A ce stade, la courrier d’ESS France n’a pour l’instant pas reçu de réponse de Bercy.
>>> A lire aussi: "Si le nouveau budget reprend la trajectoire de l'ancien, cela mettra à mal nombre d’acteurs de l’ESS" (David Cluzeau)