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Benoît Hamon veut faire passer la part de l’ESS de 10 % à 15 % du PIB

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Pour Benoît Hamon, président d'ESS France : « L’intermittence de l’engagement de l’Etat explique en partie la stagnation de l’ESS. »

Son congrès des 12 et 13 juin a été l’occasion pour ESS France de tracer la nouvelle feuille de route de l’économie sociale et solidaire (ESS) des années à venir. Y figure notamment l’ambition d’augmenter sa part dans le PIB français en la rendant moins dépendante des subventions d’Etat grâce à de nouveaux partenariats avec les collectivités, les territoires et les entreprises conventionnelles.

Percuté par l’agenda politique, ESS France aura dû revoir en urgence le programme de son congrès des 12 et 13 juin qui devait initialement être consacré à l’anniversaire des dix ans de la loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) du 31 juillet 2014. La dissolution surprise de l’Assemblée nationale le 9 juin au soir et la perspective de voir, fin juillet, le Rassemblement national s’installer à Matignon ont rebattu les cartes. « Nous avions prévu de parler de l’imaginaire de l’ESS et de débattre de notre futur plaidoyer en faveur d’un nouveau rapport de force avec l’Etat qui nous a maltraités ces dernières années, mais l’actualité nous a forcés à réviser nos priorités », expliquait Benoît Hamon, nouveau président d’ESS France qui a succédé à Jérôme Saddier le 10 avril dernier.

Et la priorité, en l’occurrence, c’était de réaffirmer l’incompatibilité des valeurs portées par l’économie sociale et solidaire avec celles du parti de Marine Le Pen. « L’application de son projet politique serait catastrophique pour l’ESS et les citoyens qui y sont bénévoles ou qui bénéficient de ses services », poursuivait l’ancien ministre de François Hollande à l’origine de la loi qui souffle ses dix bougies cette année. A cette fin, l’assemblée générale d’ESS France a adopté unanimement une proclamation invitant « tous ceux qui se reconnaissent » dans les aspirations de l’ESS à se mobiliser aux côtés du « camp républicain » d’ici au 30 juillet prochain. Un manifeste qui appelle les employeurs du secteur à laisser leurs salariés souhaitant s’engager à pouvoir le faire, y compris sur leur temps de travail.

Feuille de route

Pour autant, l’agenda du congrès a aussi été l’occasion de dresser une feuille de route des années futures pour ouvrir de nouvelles perspectives à un secteur économique qui représente 2,5 millions d’emplois en France et 10% du PIB du pays. Une part que le nouveau président de l’association s’est d’ailleurs donné pour objectif de faire grimper jusqu’à 15% dans les temps à venir, notamment en mettant fin à un modèle économique encore trop dépendant des dotations étatiques. « L’intermittence de l’engagement de l’Etat explique en partie la stagnation de l’ESS. Nous n’écartons évidemment pas l’Etat comme partenaire, mais il va falloir renforcer les alliances et les partenariats avec les secteurs de l’économie conventionnelle, les collectivités et les territoires », a détaillé Benoît Hamon. Pas de mode d’emploi pour cette ambition à ce stade, mais déjà des pistes de travail. A l’image d’un assouplissement des statuts des entreprises afin de faciliter le passage du champ capitalistique à celui de l’ESS, mais aussi par un changement des critères de rentabilité des entreprises visant à intégrer davantage la responsabilité sociale, sociétale et environnementale dans ceux-ci ou encore en poussant davantage de jeunes entrepreneurs à faire le choix de l’ESS.

>>> Lire aussi : ESS : de bonnes conditions de travail pour les jeunes mais des salaires insatisfaisants

Ce changement de paradigme, que l’ancien candidat à la présidentielle 2017 assimile à une « bataille culturelle", devra cependant passer par une modification de l’écosystème économique et ce, dès son apprentissage. C’est ainsi qu’ESS France, poursuivant sur la lancée d’une réforme engagée par le même Benoît Hamon lors de son passage au ministère de l’Economie sociale et solidaire en 2014 mais restée dans les tiroirs depuis, préconise une ouverture des cursus universitaires aux problématiques de cette économie non-conventionnelle « pour les sortir du tout-mathématiques ». Autre enjeu pour ce secteur fortement touché par les coups de rabot budgétaires de Bercy cette année à hauteur de 2 milliards d’euros : obtenir a minima la sanctuarisation des budgets dédiés au financement des structures dédiées à la protection de l’enfance et à l’accompagnement du grand âge.

Filières territoriales

Parmi les priorités de la feuille de route figurent également la reconnaissance d’un « crédit d’impôt innovation sociale », calqué sur le modèle de l’ancien CICE, dont pourraient bénéficier les employeurs de l’ESS, ainsi que la proposition de l’affectation d’une fraction de la taxe para-fiscale destinée à financier les Chambres consulaires (Chambres de commerce et d’industrie, Chambres de l’artisanat, Chambres d’agriculture) vers les Chambres régionales de l’ESS (CRESS) afin de permettre à celles-ci de proposer aux structures du secteur des prestations qu’elles ne sont pas en mesure d’assurer aujourd’hui. Des CRESS dont le rôle devrait, selon les désidératas d’ESS France, évoluer vers celui de véritables agences de développement économique chargées de structurer les filières de l’ESS sur les territoires.

>>> Lire aussi : L’ESS et la loi du marché

Mais cette ambition de développement du secteur de l’ESS pourra difficilement faire abstraction des problèmes récurrents que rencontrent les structures employeuses en termes d’attractivité des métiers, notamment pour les activités associatives qui font face à un turn-over important dans leurs effectifs… lorsqu’elles ne parviennent tout simplement pas à recruter les compétences dont elles ont besoin. Premier chantier auquel s’atteler pour y remédier : la faiblesse des salaires. « Si nous ne parvenons pas à régler ce problème, nous ne parviendrons pas à améliorer la rétention de nos salariés », admet le président d’ESS France. Et si à ce stade, l’association ne dispose pas d’un plan de bataille structuré, elle espère que les efforts auquel elle appelle pour rendre le modèle économique de l’ESS moins dépendant des subventions des collectivités et des appels d’offres publics constituera un premier pas vers une solution pérenne pour rendre les carrières au sein de l’écosystème associatif, coopératif et mutualiste plus rémunératrices et plus attractives.

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