IA versus humain. Ce défi de taille pour déterminer qui, de l'intelligence artificielle ou des dirigeants de structure, serait susceptible de mettre au point le planning le plus efficient, à destination d’un établissement de santé ou médico-social, a eu lieu le 6 mars 2025 à Paris. Une journée durant, à l’invitation de l’Agence nationale de la performance sanitaire et sociale (Anap), vingt cadres venus d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux de toute la France – départements et régions d'outre-mer compris – se sont challengés sur l’exercice.
D'un côté, dix d’entre eux ont travaillé « à l’ancienne », les yeux rivés sur leurs tableurs Excel. De l’autre, leurs dix challengers – répartis en équipes de deux – ont effectué le même exercice, mais en utilisant l’une des cinq solutions IA, à l'usage desquelles ils avaient été formés en amont. Cinq outils proposés par des start-ups françaises spécialisées dans l’aide administrative aux établissements de santé (Hopia, Probayes, Swappy, Optacare et MedHop).
Avec une mise en situation commune : se glisser dans la peau d’un cadre de santé d’un établissement fictif comprenant 59 agents et devant établir un planning. Sachant que dix infirmiers, astreints à des horaires de jour et de nuit, se trouvent dans cet effectif.
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Au cours de la journée, les « maîtres du jeu » de l’Anap sont venus apporter quelques difficultés à l’exercice. Présence de patients en fin de vie nécessitant un accompagnement particulier, irruption d’une épidémie qui entraîne une dizaine d’arrêts maladie dans le personnel (ici, les candidats étaient autorisés à recourir aux heures supplémentaires), passage du nombre d’infirmiers requis en horaires de nuit de 10 à 11… Autant de nouveaux paramètres dont il a fallu tenir compte pour modifier les plannings en urgence.
Gains d'efficience
Au-delà de son caractère ludique, le challenge visait surtout à déterminer quelles solutions informatiques étaient les plus susceptibles d’assister les cadres de santé dans cette tâche qui occupe parfois de 40 à 80 % de leur temps de travail au détriment de leur mission d’animation d’équipes. A cet effet, les résultats des copies rendues par les candidats seront observés de près pour répondre à quatre questions :
- L’IA tiendra-t-elle ses promesses ?
- Quel est le gain de chaque solution en termes d’efficience ?
- L’IA répondra-t-elle aux contraintes fixées par les organisateurs ?
- Quelle est son influence sur la qualité de vie au travail des équipes ?
En tous cas, pour les professionnels qui ont relevé le défi, l’enjeu est de taille. Il s’agira de déterminer comment optimiser leur temps pour s’atteler à d'autres tâches, parfois négligées au vu de la complexité de l’exercice que représente l’élaboration des plannings. « Ce temps qu’on dégagera, on pourra l’utiliser à le consacrer aux nouveaux professionnels afin de les fidéliser », a expliqué Delphine Reguer, cadre supérieure de santé au centre hospitalier de Muret, à Toulouse.
Pour savoir qui de l’IA ou de l’humain reste le meilleur concepteur de planning, il faudra encore patienter quelques semaines. Le temps pour les équipes de l’Anap de déterminer l’agenda le plus efficient. Réponse le 26 mars à l’occasion du salon People 4 Health, qui se tiendra à Paris Porte-de-Versailles. Les résultats ne devraient cependant pas donner lieu à une recommandation d’achat par l’Anap. « On ne recommandera pas une solution par rapport à une autre, mais nous mettrons en avant toutes celles qui présentent une plus-value pour les professionnels de santé », prévient Matthieu Girier, directeur de la performance RH au sein de l’agence.