« Tous ensemble pour l’emploi », « Pas d’économies sur le dos de ceux qui veulent travailler », « Pour faire tomber les barrages, unissons-nous contre le chômage »… Devant l’Assemblée nationale, sur l’esplanade des Invalides, des dizaines de pancartes se sont élevées ce 24 octobre, sous le soleil parisien.
Composé de personnes privées d’emploi, de salariés et d’encadrants d’entreprises à but d’emploi (EBE), d’élus locaux (maires ou parlementaires), le millier de manifestants venus de divers départements s’est uni pour sauver l’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée » (TZCLD). En cause, les 20 millions d’euros (M€) dont se voit amputé le déploiement du dispositif dans le projet de loi de finances pour 2024 (PLF 2024, lire notre article).
L’éradication du chômage compromise
« En l’état, le texte prévoit 69 M€ au lieu des 89 M€ nécessaires pour que l’expérimentation se déroule dans de bonnes conditions », rappelle Laurent Grandguillaume, président de TZCLD.
Derrière lui, sur une tribune installée pour l’occasion, les discours s’enchaînent : élus, représentants de fédérations, salariés d’EBE… Le ton s’entremêle de colère et d’inquiétude. « Nous sommes 18 personnes à nous être déplacées de Bléré (Indre-et-Loire) pour manifester. Notre objectif est d’embaucher 100 personnes au sein de nos trois pôles d’activités », explique Stéphanie Maunoury, cheffe de projet TZCLD à Bléré, couverte d’un dossard bleu au logo de l’expérimentation. « Notre EBE a démarré il y a un an avec 20 salariés et nous en comptons aujourd’hui 40. Nous visons l’exhaustivité, c’est-à-dire l’éradication du chômage de longue durée sur notre commune. En contrepartie, l’Etat devait financer ces emplois mais il se désengage. Pourtant, de nombreux individus privés de travail mettent beaucoup d’espoir dans ce projet. Pour nombre d'entre eux, il s’agit de la seule solution pour s’insérer professionnellement », poursuit-elle.
Une stagnation forcée
En effet, sans hausse du budget, le montant prévu ne permettra pas de mettre en œuvre le droit à l'emploi dans les territoires, et pratiquement aucune embauche supplémentaire ne sera possible au sein des 58 dispositifs habilités. Le lancement de territoires supplémentaires s’avère, lui aussi, compromis.
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« Nous demandons simplement au ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion de respecter ses engagements, c’est-à-dire de continuer à pouvoir ouvrir des entreprises dans les territoires concernés par l’arrêté qui les y autorisent », indique, pour sa part, Marie Mouline, chargée de mission « Suivi et appui des territoires habilités » au sein du Fonds d’expérimentation contre le chômage de longue durée. « J’accompagne les chefs de projets et les directeurs d’EBE de cinq territoires et tout le monde a des craintes. Elles sont d’autant plus justifiées que ces EBE sont constituées de salariés, que des embauches sont à prévoir et que, dans un contexte de contraintes, il s’avère difficile de projeter un quelconque développement », détaille-t-elle.
Des salariés paniqués
Sourire aux lèvres, Béatrice Guihard, salariée d’une EBE à Pont-Château (Loire-Atlantique) depuis deux ans, profite de la cohésion nationale du jour pour souffler un peu. « Je veux que le gouvernement cesse de faire des promesses qu’il ne tient pas. Sur mon lieu de travail, nous sommes 63 salariés et, en ce moment, nous sommes pris de panique », confie-t-elle. « Nous nous demandons si nous allons devoir retourner dans le circuit infernal des périodes de chômage, suivies de contrats à durée déterminée. Cela génère beaucoup de stress car la majorité d’entre nous avons des problèmes de santé, voire des handicaps. Nous sommes donc bien conscients que les employeurs ne vont pas se bousculer pour nous embaucher ! La situation est aberrante lorsqu’on entend partout que la France veut retrouver le plein emploi ! »
« Des manifestations dans tous les territoires »
« Nous sommes encore en phase d’expérimentation. Nous n’avons donc même pas pu démontrer l’ensemble des bénéfices sur les territoires, comme le développement économique ou la sortie de l’isolement. Attendons donc 2025 mais ne changeons pas les règles du jeu maintenant ! », abonde Stéphanie Maunoury. « Certes, il s’agit de dépenses pour le département et l’Etat mais ce sont des économies sur les indemnités que verse Pôle emploi et sur les dépenses de revenu de solidarité active (RSA). Nos partenaires locaux le reconnaissent, nous apportons des réponses à des personnes que les dispositifs classiques ne peuvent pas aider. Et ce, par le biais de solutions locales et sur mesure », justifie-t-elle.
En marge de la manifestation, une tribune signée par 200 élus locaux et des pétitions validées par plusieurs milliers de personnes agrémentent la mobilisation. « Nous comptons bien nous faire entendre par le gouvernement et le président de la République. Si ça ne suffit, nous organiserons des manifestations dans tous les territoires », conclut Laurent Grandguillaume.
Alors que le gouvernement fragilise gravement dans le #PLF2024 l'expérimentation de retour à l'emploi @ZeroChomeurLD, les maires d'arrondissements de gauche à Paris exigent de renoncer à retirer 20 M€ de financement à ce dispositif indispensable. Mobilisons-nous ! #TZCLD https://t.co/wv0uXf25Iu
— Socialistes de Paris@PS_Paris) October 24, 2023
Les moyens alloués à l'expérimentation #TZCLD dans le projet de loi de finances 2024 sont insuffisants.
— Territoires zéro chômeur de longue durée (@ZeroChomeurLD) October 24, 2023
250 élus signent une tribune dans @libe et réclament 20 M€ supplémentaires pour mettre en œuvre le droit à l’emploi #plf2024https://t.co/UsfLuPq5S8