Six chambres, trois salles de bains, une salle de jeux et un terrain arboré de 5 000 m2. C’est dans ce cadre idyllique que cinq personnes hébergées par le Samusocial de Paris sont venues passer quelques jours en juin dernier. Situé sur la côte d’Albâtre, en Seine-Maritime, à une dizaine de kilomètres d’Etretat, le château d’Ifs a été mis à disposition de l’association par Robert Gominet, fondateur de Prête ton toit. « Avec ma conjointe, nous nous sommes rendu compte que même en louant plutôt bien notre maison secondaire, et en nous y rendant régulièrement, elle restait vide un tiers de l’année. Nous avons trouvé cela dommage. » Partant de ce constat, le couple contacte une dizaine d’acteurs du monde social pour leur proposer d’organiser des séjours avec leurs usagers dans cette belle bâtisse normande. Le Samusocial de Paris, dans le cadre de sa mission « Culture, héritage et loisirs », répond favorablement. « Les premiers contacts avec l’association se sont noués il y a deux ou trois ans, mais avec la pandémie de coronavirus cela a mis du temps à se mettre en place », rapporte Robert Gominet.
Selon Erika Sigorin, infirmière aux Lits halte soins santé (LHSS) Les Lilas du Samusocial de Paris et l’une des accompagnantes du séjour, la coupure s’est révélée être un bol d’air frais pour les usagers. « Le cadre était reposant, tous ont facilement pris possession des lieux et il y avait de l’espace pour que chacun puisse vaquer à ses activités, se remémore-t-elle. Lorsque le budget le permettait, nous mangions au restaurant ce qui leur a aussi permis de se sentir comme “tout le monde”. »
Changement de perspectives
La professionnelle a par ailleurs pu observer les personnes accompagnées sous un nouveau jour. « D’ordinaire, nous les prenons en soin, les repas sont distribués. Pendant le séjour, elles ont participé, préparé les mets, assumé des responsabilités du quotidien. Nous avons pu voir si elles effectuaient les soins d’hygiène régulièrement et comment elles parvenaient à trouver leur place dans le groupe hors du cadre habituel. Etant amenées tôt ou tard à partir dans des foyers, en maison de retraite ou autres structures, nous sommes mieux à même de juger de leur autonomie et de les orienter. »
Pour le moment, seul le Samusocial de Paris s’est lancé. Mais Robert Gominet espère collaborer avec des acteurs de tous les champs (protection de l’enfance, handicap, migration…). « Notre initiative n’a pas vocation à cibler un profil particulier, soutient-il. Nous sommes prêts à accueillir tous ceux à qui cela bénéficiera. » Reste à trouver de nouveaux propriétaires souhaitant prendre part à l’aventure. « Dans le petit village où se situe notre maison secondaire, je dirais que seules 10 % des habitations sont occupées. Beaucoup de particuliers pourraient donc recevoir des personnes n’ayant pas l’occasion de partir en vacances. » Pour convaincre les plus frileux, Robert Gominet songe à mettre au point un système de compensation. « Sur place, j’aimerais nouer des partenariats avec des restaurants ou des offices du tourisme. Par le biais de chèques-cadeaux, il serait possible de compenser les frais liés aux charges », explique-t-il. Et d’ajouter : « Je souhaite qu’il n’y ait pas de transfert d’argent, ce n’est pas l’idée du projet. » Actuellement, seul le ménage est facturé au partenaire social.