Recevoir la newsletter

Que contient le plan Borne pour « rétablir l'ordre »

FRANCE-POLITICS-GOVERNMENT

La Première ministre Elisabeth Borne pendant le comité interministériel des villes à Chanteloup-les-Vignes, le 27 octobre 2023.

Crédit photo Bertrand GUAY / AFP
Quatre mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel M., la Première ministre a annoncé plusieurs mesures répressives qui ont un air de déjà-vu.

Ségolène Royal en rêvait, Elisabeth Borne l’a fait. L’encadrement militaire des jeunes délinquants ou des stages de parentalité pour les parents qui étaient au programme de « L’ordre juste » de la candidate socialiste aux élections de 2007 font partie des mesures annoncées par la cheffe du gouvernement le 26 et 27 octobre. Deux mesures emblématiques d’un nouveau modèle répressif qui n’exclut pas quelques autres annonces plus baroques pour faire revenir les ménages favorisés dans les cités.

Le bâton avant la carotte. La Première ministre Elisabeth Borne a dévoilé le plan du gouvernement à la suite des émeutes de cet été. Devant 500 maires à la Sorbonne le 26 octobre, elle a d’abord détaillé des mesures répressives. Puis, ce vendredi 27 octobre, la cheffe du gouvernement animait le comité interministériel des villes à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) et devait annoncer d’autres mesures moins coercitives.

Un encadrement militaire. Comme « réponse pénale exemplaire et refus total de l’impunité », Elisabeth Borne a annoncé la possibilité de placer « des jeunes délinquants, de manière obligatoire, dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse », jusqu’à « envisager un encadrement par des militaires, qui pourront notamment transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi ». Ces mesures seront proposées au Parlement mais aucune date n’a été indiquée.

A lire aussi : « Quand il n’y a plus communication, ça explose ! » 

Enfants casseurs, parents payeurs. La responsabilité parentale a aussi été évoquée par la cheffe du gouvernement. Toujours dans un projet de loi, l’exécutif veut que puissent être imposés « des stages de responsabilité parentale ou des peines de travaux d’intérêt général à l’encontre des parents qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs ». En cas de dégradations causées par un enfant, « nous allons nous assurer que les deux parents, qu'ils soient séparés ou non, qu'ils vivent avec leur enfant ou non, soient responsables financièrement des dommages causés », a déclaré la Première ministre.

Double peine. Ces mesures pourraient constituer une double peine pour des parents isolés vivant déjà dans des conditions de précarité. « Il y a quelque chose qui est un peu choquant dans ces injonctions un peu infantilisantes », a réagi Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. Pour Marie-Pierre Cauwet, Directrice de l’association prévention spécialisée nationale (APSN) qui a régi alors que le plan présenté par la Première ministre omet de citer sa profession : « La jeunesse des quartiers semble plus en danger que dangereuse ». 

A lire aussi : Les structures sociales, victimes collatérales des émeutes ?

Retour de bâton. Le lendemain, à Chanteloup-les-Vignes, on s’attendait à des carottes, mais on a eu droit à un retour de bâton. Pour favoriser la mixité sociale, le gouvernement va demander aux préfets de ne plus attribuer de logements aux ménages « DALO » les plus en difficulté dans les quartiers prioritaires. Les préfets auront également pour consigne de stopper la création de nouvelles places d’hébergement d’urgence, destinées aux SDF dans ces territoires. Reste à savoir, quels ménages favorisés auront envie de s’installer à la Cité des 4000 ou à la Castellane...

Les carottes sont cuites. Elisabeth Borne a enfin présenté d’autres mesures comme la généralisation des cités éducatives pour améliorer l'accompagnement des enfants à partir de 3 ans et des jeunes jusqu'à 25 ans, avant, pendant et autour du cadre scolaire. L'ouverture de « 100 crèches supplémentaires » dans les quartiers prioritaires, cofinancées par le public et le privé, et de « 60 centres de santé dans les quartiers » a également été cité. Enfin, le programme « Quartiers 2030 » va être étendu, et environ 150 millions d'euros vont être mobilisés pour les publics très éloignés de l'emploi dans les quartiers. Quant au programme « quartiers résilients », il est prolongé et doté de 250 millions d’euros. Mais ces dernières annonces ont été plutôt éclipsées par l’arsenal coercitif développé pendant ces deux journées…

Insertion

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur