Lors d’un rituel vaudou, appelé Juju, Faith, Nessy, Grace... font le serment devant les esprits de garder le silence et de travailler pour rembourser leur dette à « madam ». Celle-là même qui leur a fait croire que, moyennant finances, elles auront une belle vie en Europe si elles quittent le Nigéria. Après un long et douloureux périple passant par l'enfer libyen, les adolescentes finiront par débarquer en France. Mais à la place du paradis promis, elles se retrouvent directement sur les trottoirs nantais, l’un des principaux spots après Paris de la traite nigériane.
« Je m'intéresse aux publics en marge »
C’est là que l’autrice Armandine Penna, qui vit à nantes, a rencontré ces mineures, victimes d'un vaste réseau d'exploitation sexuelle. Son enquête qui démarre au Niger a duré dix ans. « Je m’intéresse aux publics en marge vivant autour de moi. Je vais à leur rencontre dans les centres d’hébergement d’urgence, les maisons de retraite, les instituts médico-éducatifs, les quartiers périphériques ou les caravanes roms. Pour moi, photographier est avant tout un prétexte pour l’interconnaissance et une façon de transmettre les histoires singulières et collectives des personnes touchées par l’exclusion, ainsi que l’engagement de ceux – professionnels ou militants – qui les accompagnent », se présente-t-elle.
Journaliste et photographe indépendante, collaboratrice des ASH, elle a travaillé avec l’illustratrice Diane Morel qui a donné vie aux personnages, entre ténèbres et lumières. Des jeunes femmes, prises au piège de la rue, de la violence, de la peur et du chantage, que des travailleuses sociales aideront au long cours et qui finiront, pour certaines, par tisser les liens de la libération. Une BD publiée le 19 avril par la jeune et indépendante maison d'édition du Faubourg, et qui, à la manière d’une enquête journalistique, documente sur un phénomène méconnu.
>>> A lire : editionsdufaubourg.fr/livre/le-silence-du-juju