De la Fondation Abbé-Pierre à Greenpeace, en passant par le Réseau action climat, Négawatt, le Secours catholique ou encore Habitat et humanismes, 24 organismes réitèrent leurs préconisations face à la précarité énergétique. Pour la troisième année consécutive, ils organisent une journée de mobilisation qui aura lieu le 23 novembre prochain afin de sensibiliser et d’alerter sur le sujet.
Visites de chantiers, débats, tables rondes, pièces de théâtre… Les actions mises sur pied prendront diverses formes partout sur le territoire. Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 14 novembre, Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, rappelle quelques chiffres essentiels.
- 12 millions de personnes, soit 18 % de la population française, se trouvent en situation de précarité énergétique, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique.
- Le phénomène augmente en 2023, année au cours de laquelle près d’un tiers des Français (31 %) a eu du mal à payer ses factures d’énergie. A titre de comparaison, ils étaient 18 % en 2020, d’après le médiateur national de l’énergie.
- 79 % des Français ont réduit leur consommation de chauffage, cela représente 10 points de plus qu’en 2022 et 26 de plus qu’en 2020.
- 26 % des consommateurs affirment avoir souffert du froid chez eux cet hiver. Ils sont 42 % chez les moins de 35 ans.
- Ils sont désormais 73 % à constater une hausse de leur facture d’énergie, ils étaient 57 % en 2022. Cette augmentation peut s’expliquer en partie par l’arrêt progressif des boucliers tarifaires et l’absence de chèque énergie exceptionnel cette année.
- Selon les chiffres de la Fondation Abbé-Pierre, qui alerte sur la précarité énergétique d’été, 54 % des Français ont souffert d’un excès de chaleur dans leur logement durant au moins 24 heures cette année.
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Inclure l’habitat indigne
Pour aider les ménages à sortir de cette précarité, la fondation appelle à élargir la portée du chèque énergie afin que davantage de personnes puissent en bénéficier et à tripler son montant pour les familles les plus modestes. Christophe Robert revient également sur la nécessité de lier la lutte contre la précarité énergétique et celle contre l’habitat indigne.
« Il peut y avoir des travaux menés dans le cadre de la rénovation thermique, qui, pour autant, laissent les habitations encore indignes. Il faut impérativement que MaPrimeRénov’ soit couplée avec la possibilité de faire sortir de l’indignité les logements. Je pense par exemple à la question du traitement des toitures, de l’assainissement… »
Baisse des coupures d’électricité
Autre point d’inquiétude : les coupures d’électricité et les réductions de puissance. L’an passé, faute de paiement, 863 000 ménages ont subi une intervention de leur fournisseur. Grâce à un partenariat récent avec la fondation, EDF n’effectue désormais plus de coupure d’électricité au sein des foyers qu’il approvisionne. Un engagement qui a permis de faire reculer de 38 % ce type d’interventions en 2022 à l’échelle du pays. Toutefois, les différents acteurs demandent l’inscription dans la loi de l’interdiction de ces coupures, comme cela a été le cas en 2013 pour les coupures d’eau.
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Avec un budget renforcé de 1,6 milliard d’euros, le dispositif MaPrimeRénov’ doit être plus accessible aux ménages à compter du 1er janvier 2024. Cette réforme impliquera notamment une baisse du reste à charge des bénéficiaires pour effectuer les travaux.
S'ils saluent ces modifications, les organisateurs restent néanmoins vigilants et estiment que certains aspects pourraient limiter, voire contrecarrer, l’effet de la réforme. Ils portent une attention particulière à la définition même de la « rénovation performante et globale » pour qu’elle puisse permettre de réelles baisses de consommation.