Fermeture des campus, suppression des stages, disparition des jobs étudiants… au moment du confinement, la précarité étudiante explose. Du jour au lendemain, des milliers de jeunes se retrouvent sans ressources. Et très vite, les files d’attente devant les distributions alimentaires s’allongent.
Souvent éclipsée par d’autres urgences sociales, la précarité étudiante fut pourtant bel et bien une réalité discrète avant même 2020. Ainsi, même si les étudiants boursiers représentaient déjà une population fragile avant la crise sanitaire, la majorité parvenait à s’en sortir grâce à des petits boulots, des aides familiales ou des stages rémunérés. Mais la pandémie de Covid-19 rompt l'équilibre précaire. Avec un inacceptable dilemme : payer son loyer ou manger ?
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En partenariat avec la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Linkee-Entraide étudiante a interrogé, pour sa nouvelle étude, 21 691 étudiants précaires. Résultat ? La précarité étudiante, censée être une conséquence passagère de la pandémie, semble devenir un problème structurel :
- 97 % des étudiants bénéficiaires de l’aide alimentaire vivent sous le seuil de pauvreté. 80 % disposent de moins de 100 € par mois après leurs charges. 1 sur 10 a dormi dans la rue ou dans son véhicule cette année. Derrière ces chiffres, une réalité froide : en 2025, être étudiant rime avec précarité.
- Des inégalités qui se creusent. Dans toutes les grandes villes universitaires, la grande majorité des étudiants doit survivre avec moins de 3 € par jour après avoir payé son loyer.
- Les plus touchés ? Ceux qui vivent seuls. 97 % des bénéficiaires de l’aide alimentaire ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour financer leurs études et leur quotidien.
- Les femmes sont aussi surreprésentées : 66 % des bénéficiaires.
- Étudier ou manger : un choix impossible. Rrésultat, un étudiant sur quatre a déjà envisagé d’abandonner ses études faute de moyens. Manque de temps, fatigue, jobs alimentaires… La précarité a un impact direct sur la réussite académique.
- Travailler en parallèle ? Une nécessité pour 30 % des étudiants précaires. Mais ces emplois pèsent lourd sur leur parcours : moins de temps pour les cours, les révisions, et parfois, un abandon pur et simple de leurs études supérieures.
- Inflation et aide alimentaire. Le recours aux distributions alimentaires est en hausse. Depuis la flambée des prix en 2022, le recours aux distributions de colis alimentaires a explosé. 60 % des étudiants disent avoir changé leur consommation à cause de l’inflation. 40 % ont commencé à récupérer des colis alimentaires ces dernières années, faute de ressources suffisantes.
- Des aides insuffisantes et inaccessibles. 29 % des étudiants bénéficient d’une bourse du CROUS, mais pour beaucoup, elle est trop faible pour couvrir leurs besoins. Pire, 75 % des bénéficiaires de l’aide alimentaire ne sont pas boursiers.
- Les démarches administratives sont aussi un frei. 43 % des étudiants déclarent ne pas être affiliés à la sécurité sociale étudiante, et 15 % des boursiers ne bénéficient pas du repas CROUS à 1 €, faute d’information.
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Manger à sa faim, se soigner, avoir une vie sociale : pour des milliers d’étudiants précaires, ces besoins essentiels deviennent des sacrifices quotidiens.
- Se priver pour survivre : 89 % des étudiants précaires réduisent la qualité de leur alimentation, et 83 % en limitent la quantité. Certains, comme Emma, 19 ans, racontent présenter des carences alimentaires sévères.
- Des soins hors de portée : près d’un étudiant sur deux a renoncé à des soins médicaux cette année. Pour ceux atteints de maladies chroniques, l’impact est dramatique.
- Un mal-être omniprésent : stress (24 %), épuisement (15 %), solitude (13 %) dominent le quotidien des étudiants en difficulté. Moins de 10 % des étudiants se déclarent heureux.
- La honte et l’isolement : 36 % des étudiants aidés ressentent de la honte face à leur situation. 26 % n’en parlent à personne.
Présente dans une vingtaine de villes, de l’Ile-de-France à l’Occitanie en passant par les Hauts-de-France, Linkee vient en aide à près de 70 000 étudiants. Un soutien vital, alors que la précarité ne cesse de s’aggraver : « C’est notre intérêt à tous de donner la possibilité aux étudiants de poursuivre leurs études, d’aller vers leurs rêves professionnels, pour apporter à l’ensemble de la société tout ce qu’elle a misé en eux. Aller dans le sens inverse ne participerait pas seulement d’une logique de gaspillage, ce serait une insulte à l’avenir, un renoncement au progrès », milite l’association.
>>> L'itégralité de l'étude à lire ici <<<
Etude Linkee : Avoir 20 ans aujourd'hui