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Pourquoi le collectif Hébergement en danger appelle à une mobilisation

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Lyon : mobilisation du collectif Hébergement en danger

"Unicef France et la Fondation des acteurs de la solidarité ont révélé une hausse, en Auvergne-Rhône-Alpes, de 11 % des enfants à la rue en 2024." Des chiffres "qui ne recensent pas les ménages vivant en squats, bidonvilles et campements [...], lieux d’habitat précaires qui se multiplient sur la métropole lyonnaise", alerte le collectif.  

Crédit photo Chifa Montasser/Gare de Jean Macé, Lyon, 10 février 2025
Le rassemblement est prévu à 13 heures devant la Métropole de Lyon, ce jeudi 13 mars 2025. Il intervient en réponse à une expérimentation contestée de la préfecture du Rhône.       

14 000 demandes d'hébergement aujourd’hui à Lyon contre 7 500 en 2019. Quelque 84 000 demandes de logement social en attente. Des familles à la rue, des femmes avec nourrissons expulsées, des jeunes majeurs abandonnés dès 21 ans... « Le sans-abrisme explose et les places manquent », alerte le collectif Hébergement en danger, qui réunit des professionnels accompagnant des personnes en situation de précarité liée au logement, dans un communiqué publié le 10 mars.

Une situation qui n'a pas empêché l'Etat de restreindre l'accès à l'hébergement, par le biais d'un nouveau dispositif expérimental. Désormais, la mise en place de contrats aux critères restrictifs ne permettra qu'à certaines catégories de personnes - parents d'enfants de moins d’un an ou personnes atteintes de pathologies graves - d'espérer un renouvellement de leur hébergement.

Un test de trois mois, pas plus, promet la préfecture du Rhône. « Et après ? Retour à la rue. Qui décide qui peut dormir au chaud ? Une pathologie grave vaut-elle plus qu'un enfant de 13 mois ? », fulmine Charlie (le prénom a été modifié), membre du collectif et travailleuse sociale dans un service d'accompagnement et d'hébergement pour jeunes majeurs.

Tri "inhumain"

Et ce alors que la trêve hivernale touche à sa fin, faisant planer le risque d'une multiplication des expulsions, et aggravant encore une situation déjà critique.

Rien d'étonnant donc que l'organisation, qui, depuis sa création en 2018, se mobilise contre les restrictions imposées aux dispositifs d'hébergement d'urgence. ait prévu d'organiser une manifestation le 13 mars en guise de protestation. Pour Charlie, « les travailleurs sociaux des CHRS, Cada et associations d'insertion par le logement refusent ce tri inhumain et appellent à une forte mobilisation. Cette logique de sélection va à l’encontre du principe d’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence inscrit dans la loi ».

>>> A lire aussi : L'Etat attaqué pour non-assistance à personnes mal logées

Mises à la rue en hausse

Les professionnels du secteur alertent sur les effets de ces politiques, qu'ils jugent désastreuses. « Plus les parcours d’errance s’allongent, plus les traumatismes s’ancrent et plus la réinsertion devient difficile », explique Charlie. Sans compter que depuis plusieurs mois, les travailleurs sociaux observent déjà une hausse des remises à la rue, parfois pour des familles avec des nourrissons de seulement quelques semaines. « Nous ne pouvons pas être complices d’un système qui abandonne les plus fragiles », s'indigne-t-elle.

Secteur social en souffrance

Face à ces injonctions paradoxales, les travailleurs sociaux sont en première ligne. « Nous sommes censés accompagner, protéger, mais on nous demande d'exclure et d’expulser, déplore Charlie. Les collègues des maraudes, des centres d'hébergement d’urgence et les écoutants du 115 se retrouvent dans une position difficile, contraints d’annoncer des fins de prise en charge sans solution de relogement. Une situation qui provoque un mal-être profond au sein de la profession. »

Droit non respecté 

Le droit à l’hébergement opposable (Daho), censé garantir un recours pour les personnes privées de toit, « est de plus en plus vidé de son sens, les délais de traitement des dossiers s’allongent à mesure que les solutions d’accueil diminuent. Certaines personnes attendent des mois, voire des années, avant qu'une décision ne soit prise. Entre-temps, elles sombrent dans la précarité la plus totale », déplore cette militante.

Appel à des mesures immédiates

En conséquence, le collectif exige :

  • la création immédiate de nouvelles places d’hébergement ;
  • le respect du principe de continuité et d’inconditionnalité de l’hébergement ;
  • la réquisition de bâtiments vides (17 000 seraient recensés) ;
  • une véritable politique de création de logements sociaux à des prix abordables ;
  • l'abandon de l’expérimentation des contrats d’hébergement de trois mois.

François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation, a, quant à lui, indiqué ce mardi 11 mars - lors des questions au gouvernement - avoir demandé la fin des expérimentations dans le Rhône comme dans la Haute-Garonne, assurant « travailler systématiquement à trouver des réponses pour éviter les remises sèches à la rue ».  Le collectif salue « une petite victoire, mais la grande victoire sera celle de la rue avec une mobilisation massive ».

 

>>> à lire aussi : Hébergement d’urgence : est-il possible de demander une réparation en cas de carence fautive de l’Etat ?

>>> retrouvez ici :

l'appel à mobilisation du HED le jeudi 13 mars 2025

 

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