« Si rien n’est fait, 2025 sera une année noire pour le réseau des missions locales en France. » La CGT Missions locales de Bretagne, majoritaire dans la région, sonne l’alerte et appelle à la mobilisation jeudi 14 novembre. Des rassemblements devraient se tenir devant les préfectures et sous-préfectures de Lorient, Vannes, Quimper, Brest, Saint-Brieuc et Rennes afin d’alerter les pouvoirs publics et les élus sur les risques graves que font peser sur les missions locales le projet de loi de finances 2025 et la mise sous tutelle de France travail au 1er janvier.
>>> A lire aussi : Pourquoi 95 % des jeunes recommanderaient la mission locale à leurs amis
A cause des réductions de dépenses annoncées, le budget 2025 des missions locales au niveau national va être amputé de 140 millions d’euros. Une diminution qui « risque d’être plus forte encore pour la Bretagne, considérée comme mieux lotie, et dont la jeunesse est moins statistiquement en difficulté que dans d’autres régions ». La CGT Missions locales de Bretagne craint, dès 2025, de nombreuses suppressions de postes dans ses 18 structures qui emploient 580 salariés.
Une année qui voit aussi la mise en œuvre concrète de réseau pour l’emploi (RPE), dominé par France travail et issu de la loi « Plein emploi » de décembre 2023. Au premier janvier, tous les jeunes accompagnés à la mission locale dans le parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (Pacea), le contrat d’engagement jeune (CEJ) ou encore « en recherche d’emploi » seront inscrits obligatoirement à France travail. C’est un algorithme de l’opérateur qui les orientera en fonction de ses calculs.
Principes fondateurs
Selon la CGT, ces évolutions mettent à mal tous les principes fondateurs des missions locales : l’accueil inconditionnel et l’accompagnement des jeunes de 16 à 25 ans révolus non scolarisés, le volontariat et le libre choix du jeune, le droit à un accompagnement qui prend en compte la globalité de sa situation, sans jugement et dans une relation de confiance. Le syndicat alerte sur la perte d’autonomie des missions locales, en commençant par la fusion des systèmes d’information avec France travail. « Les jeunes seront soit ballotés d’un service à un autre, soit perdus dans les méandres administratifs, soit mal conseillés et finalement oubliés », dénonce-t-elle.
Variable d'ajustement
Partenaires du réseau pour l’emploi, les opérateurs privés pourraient désormais être la première porte d’entrée de l’accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi. « Les agences d’intérim vont récupérer une part du marché de la misère. Je doute que l’approche globale chère aux missions locales soit leur truc. Elles sont surtout là pour faire du placement », souligne Dimitri Hinault, secrétaire général du syndicat CGT Missions locales de Bretagne. « Les jeunes sont la variable d’ajustement du gouvernement, ce qui ne devrait jamais être le cas, dans aucune civilisation », ajoute-t-il. Selon lui, les missions locales finiront par ne recevoir que des jeunes non diplômés et en grande difficulté sociale, ceux dont France travail ne veut pas. Ce qui entraînera de fait leur stigmatisation.
>>> Sur le même sujet : Missions locales : une mobilisation prévue en Ile-de-France
La CGT prévoit « un appauvrissement radical du sens de [ses] missions, déjà bien attaqué par la mise en place du CEJ ». Elle dénonce : « Nos actes-métiers se sont bureaucratisés au détriment de l’écoute, du soutien et du conseil. » En Bretagne, plus de 45 000 jeunes ont été accompagnés en 2023 par les missions locales. 40 % n’ont aucun diplôme, 30 % ont le bac et 10 % un diplôme supérieur.