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Plan « grand froid » : entre effets d’annonce et disparités territoriales

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Plan grand froid hébergement d'urgence sans abri pauvreté travailleurs sociaux mise à l'abri

Malgré l'activation du plan « grand froid » à Paris, la mairie a assuré la mise à l'abri de 27 personnes dans la nuit du 8 au 9 janvier, à la place de l'Etat. 

Crédit photo Adobe stock
Les températures glaciales poussent de nombreux départements à activer leur plan « grand froid ». Des décisions qui interviennent alors que les associations dénoncent depuis des mois le manque de places dans l'hébergement d’urgence. Compétent en la matière, l’Etat ne propose pas pour autant de solutions adaptées et homogènes sur le territoire.

Bien que salutaire, la création de 10 000 places d’hébergement supplémentaires, annoncée par le ministre délégué au logement Patrice Vergriete lundi 8 janvier (lire notre article), paraît un peu tardive. Surtout, l'effet d'annonce masque mal les comportements de certains services de l'Etat dénoncés par les associations.

Face aux températures glaciales ressenties sur la majeure partie de l’Hexagone, plusieurs préfectures ont activé leur plan « grand froid ». Ce dispositif temporaire permet à l’Etat de réquisitionner des lieux vides tels que des bureaux, des gymnases, des locaux administratifs ou des logements pour y abriter les personnes à la rue durant les périodes de gel. Mais cette année, pour les associations, les décisions préfectorales ne reflètent pas toujours les réalités de terrain.

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A Paris, la préfecture de région ouvre, progressivement sur la semaine, 274 places en hébergement collectif. Un nombre en deçà des recensements effectués en 2023 dans la capitale où, a minima, 3 000 personnes sont contraintes de dormir dehors quotidiennement en raison de la saturation des dispositifs de droit commun. « Il est impératif d’ouvrir des places d’hébergement d’urgence à la hauteur des besoins pour toutes les personnes à la rue sur l’ensemble du territoire francilien », s’insurge, par voie de communiqué, la fédération des acteurs de la solidarité (FAS) d’Ile-de-France. « Alors qu’il gelait dans les rues, les maraudeurs nous remontent de nombreuses situations de personnes isolées ou en famille qui ont dû passer la nuit à la rue faute de lieux pour se mettre à l’abri en nombre suffisant », détaille-t-elle par ailleurs.

A Calais, la routine continue par - 4°C

Autre son de cloche plus au nord : à Calais (Pas-de-Calais) où le plan est également activé et où environ 1 300 personnes exilées ne disposent pas de toit, les interventions des forces de l’ordre se poursuivent malgré les températures négatives (- 4°C ce mardi 9 janvier au matin). « Il y a eu des expulsions de lieux de vie informels ce matin. C’est Calais... Ici, contre vents et marées, elles ont lieu, c’est la routine », témoigne, ce 8 janvier, William, membre de l’association Auberge des migrants. « Tout est fait pour que les personnes migrantes ne puissent pas s’organiser. Si tel était le cas, elles pourraient au moins ranger leurs tentes ou prévenir des amis qu’une expulsion va avoir lieu », souligne-t-il.

Pourtant, durant la période de froid, dans la commune, deux hangars sont alloués pour mettre à l’abri les individus majeurs et les mineurs. Pour s’y rendre, des systèmes de navettes sont prévus. Mais les associations font face à des problèmes d’organisation. Si les services de l’Etat ouvrent des places, ils ne communiquent pas au sein des lieux de vie et laissent les associations gérer la coordination pour l’acheminement vers les hangars. « Les navettes passent sur un petit créneau horaire d’une heure. Si les personnes ne les prennent pas, elles se voient refuser l’entrée des lieux de protection », pointe le membre de l’Auberge des migrants.

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Entre les campements et le centre-ville où se trouvent les personnes à la rue, difficile pour les associations d’intervenir à temps. « Pour l’instant on informe. Nous indiquons comment se rendre aux rendez-vous pour aller aux hangars. D’autant plus que ces derniers sont loin. Mercredi, nous saurons si le plan “grand froid” continue mais le système de mise à l’abri n’est pas adapté », constate William. « Souvent, nous recevons un mail à 16 h 00 pour nous indiquer que les navettes reprennent une demi-heure après… C’est vraiment pour dire que quelque chose a été fait face à la météo… »

A Lyon, les familles retrouvent la rue

Plus au sud, la prise en charge du public à la rue n’est pas plus efficace. En Auvergne-Rhône-Alpes, la préfecture de région a décidé de ne pas déclencher de plan « grand froid ». L’Etat n’a pas non plus financé la continuité de nuitées d’hôtel, prises en charge par la ville de Lyon durant les fêtes, et dédiée à des familles dont les enfants scolarisés ont, de fait, été remis à la rue le matin de la rentrée. Les prévisions météorologiques annoncent pourtant que le dégel n’est pas prévu dans les prochains jours.

« Les critères s’élargissent. Après avoir décidé de mettre à l’abri dans une salle collective les femmes avec enfant de moins de 1 an, laissant les autres membres de la famille dehors, la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (Ddets) nous informe qu’à présent, nous pouvons étendre la sélection aux moins de 3 ans », révèle Maud Bigot, responsable du Samu social de l’association Alynea située dans le Rhône.

En clair, sur le département où 14 000 personnes sont en attente d’une place d’hébergement, les personnes handicapées ou âgées resteront dehors. « C’est terrible pour nous de demander l’ouverture de lieux en urgence alors qu’on alerte depuis des mois sur la situation ! C’est comme dans toutes les situations de crise, là ça explose et ça pose de réels problèmes quand les températures sont extrêmes », poursuit-elle. « Certes, nous appelons à l’ouverture de lieux aujourd’hui, mais la création de places alliée à des mesures structurelles telles que la production de logements ou une gestion différente de l’accueil des populations exilées s’imposent. »

Des propos corroborés par Anne Claire Hochedel, déléguée régionale de la FAS Occitanie. « L’organisation de mesures supplémentaires est absolument nécessaire sur nos différents territoires, notamment urbains », indique-t-elle. « Le problème n’est pas le froid mais le fait que des personnes n’aient d’autres choix que la rue tout au long de l’année. »

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