La suppression de la ligne budgétaire allouée aux missions locales des Pays de la Loire par le conseil régional est un choc. L’association régionale des missions locales dénonce une décision brutale où la coupe financière pour 2025 s’élève à plus de trois millions d’euros, un montant affaiblissant d’environ 10 % le budget global des 280 points d’accueil de la région.
« Ce choix est incompréhensible ! », s'exapère Jean-Paul Olivarès, président de l’association, à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 2 décembre, à la suite de l’annonce de la décision. « L’emploi, la jeunesse, l’économie, la formation ou la lutte contre le décrochage scolaire… Nous cochons l’ensemble des cases caractérisées comme prioritaires par le conseil régional », détaille-t-il.
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Sur le territoire, 80 % des jeunes de zone rurale âgés de 16 à 25 ans et 50 % de jeunes résidents de zone urbaine sont accompagnés par 700 professionnels de missions locales. En 2023, quelque 8 200 mineurs en décrochage scolaires ont été aidés, 4 600 jeunes ont accédé à une formation et 16 000 à un emploi à la suite de leur passage dans les services. Pour un total de 43 000 personnes suivies chaque année.
Anticipation et mobilisation
« Nous allons devoir discuter avec nos équipes de l’orientation de nos missions et la partie formation se verra certainement mise en retrait, pointe, pour sa part, Quentin Portier, président de la mission locale de l’agglomération Mancelle, secrétaire de l’association régionale et vice-président de la communauté urbaine Le Mans métropole. Nous allons aussi nous recentrer sur l’accueil des jeunes qui est notre cœur de métier mais qui doit s’enrichir par le travail partenarial et par l’organisation d’événements. »
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Si pour l’heure, les conséquences sociales et organisationnelles reposent sur de l’anticipation, l’association régionale ne désespère pas de changer la donne, les votes définitifs du budget étant prévus le 19 ou le 20 décembre. « Nos demandes au conseil régional sont claires. Nous souhaitons voir maintenir tout ou partie du financement pour maintenir un subventionnement qui reconnaisse le rôle stratégique des missions locales pour l’avenir des jeunes et des territoires. Il s’agit de rétablir un dialogue constructif afin d’envisager des solutions adaptées aux contraintes budgétaires », souligne Jean-Paul Olivarès. Des attentes qui, dans le contexte, apparaissent utopistes. Déjà contacté par l’association pour négocier le maintien de la subvention et envisager l’étalement de la baisse budgétaire sur plusieurs années, le conseil régional reste sur sa position. Même réponse pour compenser la diminution du budget par le biais de l’aide du fonds social européen. Les motifs avancés par le conseil régional sont clairs : des économies s’imposent.
Fin d’une collaboration historique
Dans le contexte, l’association prépare des courriers de sensibilisation à la problématique des missions locales. Ces derniers seront transmis dans les prochains jours à l’ensemble des conseillers régionaux. Autres actions prévues : une pétition en ligne va s’ouvrir et une journée de mobilisation régionale s’organise pour la mi-décembre. L’interpellation de parlementaires ou d’élus locaux constitue un autre levier pour faire front. « Nous espérons ainsi que les conseils régionaux reviennent sur leur décision », précise le président de l’association régionale.
Faute de solutions, la coupe budgétaire mettrait fin à plusieurs dizaines d’années de travail collaboratif entre acteurs publics sur le volet de l’insertion des jeunes.
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