Assises les jambes croisées et les mains posées tournées vers le ciel, une dizaine de personnes respirent en chœur, guidées par la voix délicate de la professeure. A mesure que l’heure défile, les postures de yoga s’enchaînent, gestes et souffle à l’unisson. S’ils en ont l’allure, les cours dispensés par Nour Yoga ne ressemblent à aucun autre. Ici, la pratique se concentre sur des mouvements simples qui ont d’abord vocation à aider la personne à renouer avec son corps. Car, dans cette association fondée en 2019, le but est d’accueillir tous les publics, mais aussi de cibler les personnes précaires ou en situation d’exil auxquelles il est nécessaire d’offrir un yoga adapté.
« On ne fait pas certains exercices parce qu’ils pourraient être traumatiques pour certains publics fragiles. C’est un yoga qui permet de traiter de façon différente les impacts des violences sur les victimes », détaille Faustine Caron qui en est l’initiatrice. Comme elle, tous les enseignants de Nour Yoga ont été formés à la pratique du yoga adapté. Ainsi, les bienfaits physiques et psychologiques n’en sont que plus prégnants, sans risques pour les pratiquants vulnérables.
L’association Nour a d’abord lancé des cours de yoga inclusif à Marseille, à Strasbourg, avant d’en proposer dans cinq autres villes françaises. Les cours sont mixtes, et gratuits pour les personnes exilées ou précaires. En parallèle, l’association est de plus en plus sollicitée pour animer des ateliers de yoga dans des établissements sociaux et médico-sociaux. « Ces dernières années, on a élargi notre action à tous les champs de la précarité. L’idée est d’ouvrir le bien-être à tout le monde dans un espace sûr, inclusif, bienveillant et convivial où chacun peut pratiquer sans jugement », poursuit Faustine Caron. Trois cent professeurs, 80 cours par semaine et près de 500 pratiquants… la formule séduit.
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