Je me demande si l’homme, découvert décédé ce matin à Boulogne, dans une cave où il s’était « réfugié », s’était dit hier soir que peut être que son corps céderait durant la nuit pour avoir trop résisté.
Je me demande s’il a ressenti de la peur ou s’il s’est senti soulagé lorsque le sommeil l’a enveloppé.
Je me demande s’il savait que l’hébergement c’était un droit (encore ?) inconditionnel.
Je me demande pourquoi, cette année, l’annonce des 10 000 places supplémentaires,
appelées des vœux de l’ensemble des fédérations et associations et élus de tous bords, depuis 4 mois est arrivée seulement hier, alors que la neige commençait à tomber, à trois heures d’un remaniement ministériel.
Je me demande pourquoi cette même pièce de théâtre, chaque hiver, tragédie dont la structure repose principalement sur la financiarisation du logement tout en déroulant l’action des protagonistes autour d’enjeux de places d’hébergement… parce qu’à un moment il n’est plus que question de vie et de mort.
Cependant jouons-la, la pièce de cet hiver… mais avec l’énergie d’une dernière. Ces 10 000 places doivent être déployées de toute urgence sur les territoires et des bâtiments réquisitionnés à cet effet.
Néanmoins ce sont les leviers structurels d’une autre histoire qu’il importe d’activer en parallèle dès aujourd’hui. Ils sont connus : relance de la production de logements sociaux, mobilisation des logements vacants, taxation des meublés touristiques, non promulgation de la loi immigration qui accentuera encore davantage le sans abrisme, régularisation des personnes déjà intégrées de fait…
Cette autre histoire c’est un choix de société, celui de ne pas laisser des hommes, des femmes et des enfants survivre sur le bitume et pour certain.e.s y mourir. C’est à portée de volonté politique. Renoncer n’est pas une option, encore moins quand on sait que c’est possible.
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