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Missions locales : "des dizaines de milliers de jeunes sur le carreau" (Synami-CFDT)

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La baisse du financement des missions locales pourrait se traduire par des pertes d'emplois allant de 15 à 20 % de l'effectif (Photo: Carole Lombard et Sadek Bouzidi, secrétaire générale et secrétaire général adjoint du Syndami CFDT).

Crédit photo DR
Les agents des missions locales défileront ce vendredi 14 mars devant une quinzaine de préfectures à travers toute la France ainsi que devant le siège du ministère de la Santé à Paris. Objectif : protester contre les baisses de budgets qui frappent le réseau.

Constituées en intersyndicale, la CFDT, FO et la CFTC ont appelé à la mobilisation toute la journée avec le soutien de la FSU, mais pas de la CGT qui prépare ses propres actions le mois de mai. Face aux baisses de budgets subies par le réseau, les agents des missions locales souhaitent alerter sur les conséquences pour les jeunes qu'ils accompagnent. Entretien avec Carole Picard et Sadek Bouzidi, secrétaire générale et secrétaire général adjoint du Synami-CFDT, principale organisation représentative du réseau.

ASH : Quelle est la situation financière des missions locales après le vote du budget 2025 ?

Carole Picard : Nous accusons une baisse globale des dotations d’Etat pour le financement de nos structures de 6 % au plan national. Cela peu sembler peu en termes de volume mais, sur le terrain, cela pourrait se traduire, selon les calculs de l’UNML [Union nationale des nissions locales], par des pertes d’emplois de l’ordre de 15 à 20 % des effectifs ! Mais comme nous sommes un réseau de petites structures indépendantes, ce PSE [plan de sauvegarde de l'emploi] ne sera pas forcément très visible : un licenciement dans telle mission locale ; un ou deux non-renouvellements de CDD dans une autre… Il est difficile de chiffrer exactement le nombre d’emplois détruits car, au-delà des baisses de dotations nationales, il faut aussi ajouter les coupes dans les budgets des régions, autre source de financement. Sur ce plan, les situations sont très diverses : en Pays de Loire, le conseil régional a coupé l’ensemble des dotations aux associations, dont les missions locales. En Ile-de-France, nous sommes soumis à une nouvelle politique d’appels d’offres depuis 2024. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, le budget dédié aux missions locales sera réduit de 40 %. En Auvergne-Rhône-Alpes, ce sera de 10 % et en Occitanie 6 %. Heureusement, un certain nombre d’autres régions ont choisi de sanctuariser nos budgets.

>>> A lire: Missions locales : alerte sur la baisse annoncée des financements

Comment cela se traduit-il en termes de services rendus ?

C.P. : En situation normale, nous recevons 1,1 million de jeunes. Dont seulement une partie du million et demi de NEETs [jeunes sortis du système scolaire ou universitaire sans diplôme, emploi ou formation, ndlr] recensés en France. Ce sont en majorité des jeunes de 18 à 24 ans sortis de l’école avec un niveau BEP ou Bac. La plupart vit encore au domicile des parents, mais certains sont déjà autonomes, voire à la rue. Afin de les accompagner, nous disposions de plusieurs outils efficaces dont les budgets ont eux aussi été revus à la baisse. Je pense notamment au contrat d’engagement jeunes (CEJ) qui offre aux jeunes inscrits dans le parcours un accompagnement renforcé construit autour de 15 heures d’activité par semaine – ce qui a inspiré la réforme France tavail – en échange d’une allocation équivalente au RSA. Nous comptions 340 000 jeunes engagés dans le dispositif en 2024 lorsqu’en août dernier, le gouvernement a décidé de plafonner leur nombre à 200 000. Cela laisse aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de jeunes sur le carreau. Nous avons également subi une baisse considérable du financement des Pacea [parcours d’accompagnement contractualisé vers l’emploi et l’autonomie] puisque leur dotation est passée de 100 à 53 millions d’euros, ce qui réduit considérablement le montant de l’aide financière que nous pouvons accorder à ces jeunes. Alors que jusqu’à présent, cette aide pouvait monter jusqu’à 900 € par an, certaines missions locales n’ont pu accorder que quelques dizaines d’euros à certains bénéficiaires. A cela s’ajoutent les baisses de dotations sur d’autres dispositifs comme les aides à l’apprentissage ou la suppression des parcours emploi-compétences (PEC) qui poussent un certain nombre de jeunes vers la précarité…

>>> A lire: Budget 2025 : le gouvernement torpille les emplois aidés

Sadek Bouzidi : Il faut aussi ajouter que la loi pour le plein emploi, qui intègre les missions locales au réseau public de l’emploi (RPE) dans le cade de la réforme France travail, a aussi touché nos missions. Les dispositifs de la réforme sont en effet entièrement tournés vers l’accès à l’emploi là où la mission de nos structures depuis 40 ans est de fournir un accompagnement global au public que nous recevons qui englobe aussi bien l'accès au logement, à la santé, à la mobilité et tout ce qui est susceptible de lever les freins périphériques à l’emploi.

Comment s’organise la mobilisation du 14 mars ?

S.B. : Elle va se structurer en trois temps. En premier lieu des manifestations d’agents des missions locales auront lieu, à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, FO et CFTC avec le soutien de la FSU même si elle n’a pas rejoint l’intersyndicale) devant les préfectures dans une quinzaine de territoires. Nos élus demanderont à rencontrer les préfets pour les sensibiliser à nos revendications. Une mobilisation nationale sera en parallèle organisée devant le ministère de la Santé à Paris. Nous sommes en train de négocier un rendez-vous avec la ministre déléguée au travail Astrid Panosyan-Bouvet, mais nous devrions à minima rencontrer son cabinet. L’après-midi, nous organisons une AG en visio-conférence pour débriefer de nos actions de la matinée et étudier les suites à donner à la mobilisation.

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