Alors que la période hivernale de mise à l'abri et d'hébergement des personnes sans domicile touche à sa fin, Médecins du monde alerte sur les insuffisances du système, en publiant mercredi 27 mars les résultats d'une enquête menée en janvier-février à Lyon, Strasbourg et Saint-Denis. Ils mettent en effet "en évidence une saturation des dispositifs d'hébergement menant au non-respect des principes d'inconditionnalité de l'accueil et de continuité de l'hébergement".
Réalisée auprès de 316 personnes rencontrées par les équipes de MDM, et pour lesquelles un appel avait été passé au 115, cette enquête souligne "également l'inadaptation des solutions proposées à l'évolution des publics à la rue", qu'il s'agisse de l'augmentation du nombre de familles avec enfants, de la présence importante de personnes présentant des problèmes de santé, etc.
Saturation du dispositif
Plus d'une personne sur deux dans cet échantillon n'a en effet pas pu été hébergée, rapporte MDM, en ajoutant que 12 % d'entre elles étaient mineures, que 3 % étaient des femmes enceintes et que 34 % enfin présentaient un problème de santé.
Dans huit cas sur 10, il s'agit de malades chroniques, qui présentent le plus souvent des addictions et des pathologies d'ordre psychiatrique. Seules 36,4 % d'entre eux ont été relogés.
"L'absence de places disponibles demeure la raison majeure du non-hébergement", avec 73 % des refus du 115, devant l'absence de places adaptées à la situation des personnes, en couples ou en familles, ayant dépassé leur quota de nuits, avec des problèmes de comportement (violence), ou accompagnées d'un chien...
Dans plus de la moitié des cas, par ailleurs, les solutions avancées par le 115 ont été refusées par les personnes, principalement en raison du caractère collectif et donc de la promiscuité de l'hébergement proposé (70 %) et, plus rarement, de sa durée trop courte (21 %).
Des solutions de courte durée
De fait, "les solutions d'hébergement sont en général de très courte durée", confirme cette enquête, qui corrobore les résultats du baromètre 115 de la FNARS, et qui indique que "84 % des personnes ont eu une proposition pour une seule nuit".
Elles se retrouvent par conséquent "presque systématiquement à la rue, en dépit du principe de continuité de la prise en charge, et doivent renouveler sans cesse leurs demandes auprès du 115", déplore Médecins du monde, qui recommande donc de créer des "structures d'hébergement ouvertes toute l'année en nombre et capacité d'accueil suffisants, avec un accompagnement social vers le logement pérenne". L'association réclame aussi "la création en nombre suffisant de lits haltes soins santé (LHSS) ou de lits d'accueil médicalisés pour les personnes malades en situation de grande exclusion".
Elle s'inquiète enfin de l'incertitude qui demeure quant à la pérennisation des places ouvertes cet hiver, et estime que "les plans territoriaux de sortie de l'hiver prévus dans le cadre de la circulaire du 4 janvier 2013 restent flous et insuffisants pour atteindre les objectifs fixés", comme le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées s'en était déjà inquiété en février dernier.
L'hébergement d'urgence en 2013 - Etat des lieux en période hivernale dans trois villes de France, à télécharger sur le site de Médecins du monde.
A.S.