C’est une nouvelle étape que vient d'atteindre le réseau des Ecoles de la deuxième chance (E2C) en 2024 en franchissant le cap des 17 000 jeunes en insertion - ou réinsertion - accueillis au sein de ces établissements. Très précisément, ce sont exactement 17 165 stagiaires, décrocheurs scolaires ou sans expérience professionnelle, qui, l’an passé, ont franchi les portes de l’une des 57 écoles – réparties au sein des 152 implantations territoriales – que compte l’organisation afin d’y bénéficier d’un parcours d’accompagnement vers l’emploi ou la formation.
Le seuil des 18 000 presque atteint
Un chiffre en progression par rapport à 2023 (où le réseau avait intégré 16 800 jeunes) et qui aurait pu être encore meilleur si trois établissement franciliens labellisés E2C, mais gérés par une autre association d’insertion, n’avaient mis la clé sous la porte l’année dernière. « Nous avons remplacé les établissements disparus par trois nouvelles implantations dans le Val d’Oise, les Yvelines et la Seine-et-Marne, mais sans ce contretemps, nous aurions connu une croissance de 7% et franchi le palier des 18 000 jeunes », regrette Cyrille Cohas-Bogey, directeur général du réseau.
61% de sorties positives
En dépit de cet incident, les résultats en fin de parcours au sein des établissements sont plutôt bons : 61% des stagiaires sortis du cycle d’accompagnement ont connu une orientation positive vers le monde du travail avec 20% de sorties vers l’emploi (dont 2% sur des contrats aidés), 25% sur des qualifications certifiantes ou diplômantes et 16% vers un contrat d’alternance ou de professionnalisation. Un dernier mode de formation qui séduit de plus en plus les jeunes accueillis dans le réseau et plus particulièrement la frange des 16-17 ans qui étaient, l’an dernier, 20% à avoir opté pour cette voie à l’issue de leur cursus au sein d’une E2C.
En 2024, 78% des jeunes de 16 à 25 ans accueillis au sein du réseau ne disposaient d’aucun diplôme ou qualification, 90% étaient sans expérience professionnelle, 31% étaient mineurs, 18% d’une nationalité étrangère, 29% issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et 7% bénéficiaient d’une reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH). La parité était presque atteinte puisque 47% des jeunes étaient des femmes.
Davantage de CEJ et de candidatures spontanées
Au fil des années, les E2C observent tout de même une évolution de la provenance des stagiaires. Non seulement l’obligation de formation des 16-18 ans mise en place en 2019 dans le cadre de la réforme sur l’école de la confiance a augmenté mathématiquement le nombre de jeunes orientés vers les écoles de la deuxième chance dans ce cadre, mais ils sont également de plus en plus nombreux (35% de l’effectif) à venir spontanément vers elles. En 2024, le réseau enregistrait ainsi une augmentation de 9% - soit 538 personnes – de ces « candidatures spontanées ».
Surtout, la réforme des missions locales avec la transformation de la Garantie Jeunes (GJ) en contrat d’engagement jeunes (CEJ) à compter de 2022 a contribué à fluidifier des relations parfois tendues entre les E2C et les missions locales. « A l’époque de la GJ, les missions locales étaient à la fois prescriptrices, mais aussi opératrices, ce qui créait une forme de concurrence entre nous », se souvient Cyrille Cohas-Bogey. Aujourd’hui que cette compétition n’a plus lieu d’être, de plus en plus de stagiaires orientés par les missions locales – un peu plus de la moitié du total chaque année – le sont au titre du CEJ. Le réseau en comptait 15 à 20% en 2024, ils devraient être plus nombreux les prochaines années.
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L'ouverture de nouveaux établissements en stand-by
A condition cependant que les moyens du réseau ne soient pas trop affectées par les coupes budgétaires de la loi de finances 2025. Car si les E2C n’ont pas vu leurs ressources provenant de l’Etat baisser dans les mêmes proportions que d’autres acteurs de l’insertion, elles n’en ont pas moins été contraintes de réduire la voilure. Ce qui s’est notamment traduit par la mise en stand-by de l’ouverture de 5 à 10 nouvelles implantations pourtant initialement prévues cette année.
Une situation aggravée par les choix budgétaires de certaines régions (dont les dotations pèsent pour un tiers dans le budget global du réseau, autant que celles de l’Etat). A commencer par les Pays-de-Loire, dont l’exécutif régional a réduit sa subvention à zéro, mettant en danger les trois sites présents sur son territoire au Mans, à Laval et à Nantes-Saint-Nazaire. Si pour l’instant, les E2C n’envisagent aucune fermeture d’établissement, « une réflexion sur leur financement est cependant engagée », confesse Cyrille Cohas-Bogey.