Le Secours populaire a ouvert mardi 22 septembre une permanence au sein du campus de l'université Lille-I de Sciences et techniques à Villeneuve-d'Ascq. Ouvert un jour par semaine (le mardi) de 12 h à 14 h à la maison des étudiants, ce lieu va permettre aux bénévoles de l'association d'accueillir, en toute confidentialité, les étudiants en difficulté sociale pour leur apporter un soutien, une aide matérielle et les orienter dans les dispositifs existants (comme le logement social), précise l'université dans un communiqué. Aucune aide alimentaire ne sera cependant mise en place.
Pour l'établissement d'enseignement supérieur, la mise en place de cette permanence "illustre la volonté affirmée de Lille I de favoriser l'égalité des chances et d'améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants en situation précaire". Cette opération se fait dans une démarche plus large pour "accompagner la réussite des étudiants".
L'université pense ainsi aux boursiers, qui représentent un tiers de ses 18 000 étudiants, aux étrangers (21 % des effectifs) et à ceux qui exercent une activité rémunérée (7 étudiants sur 10 sont dans ce cas).
Parmi ces derniers, une centaine seraient dans une situation de "grande précarité", révélée par l'accompagnement des étudiants organisé par l'université, le centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (CROUS) et le centre universitaire pour la promotion de la santé (CUPS). Certains étudiants, dont le budget est de plus en plus grevé par le logement, économisent sur la nourriture et la santé.
Valérie Pécresse "choquée"
Les étudiants étrangers peuvent quant à eux rencontrer plus de difficultés encore, puisqu'ils "cumulent le fait de ne pas avoir de bourse tout en ayant des difficultés à trouver un emploi pour financer leurs études. Leurs ressources financières insatisfaisantes ont un impact important sur leurs conditions de vie sur le campus", note l'université.
Si les représentants des étudiants se satisfont de l'ouverture de cette permanence, l'initiative a été très critiquée par la ministre de l'Enseignement supérieur, en déplacement lundi 21 septembre à l'Institut Pasteur de Lille. Valérie Pécresse, très impliquée dans le chantier "vie étudiante", qui vise à améliorer les conditions de vie dans les facultés, s'est dite "choquée" par cette annonce. Elle a rappelé que des assistantes sociales sont présentes dans les établissements et que les CROUS, par l'intermédiaire de la restauration et des bourses, prodiguent déjà une aide. "Les universités doivent regarder les dossiers individuellement pour trouver des solutions", a ajouté la ministre.
Des critiques relayées par le recteur de l'académie de Lille, Bernard Dubreuil : "Si l'université Lille-I veut développer des actions de solidarité, toutes les bonnes volontés sont bienvenues. Cependant, il est un peu dommage, dans l'intérêt des étudiants, que le CROUS, qui est le partenaire principal des universités dans ce domaine, n'ait pas été associé au projet." Le recteur demande ainsi que le CROUS soit "associé et c'est ce qui va se faire maintenant".
L'université a cependant expliqué que l'intervention du Secours populaire s'organisait avec le CROUS et s'associe avec les projets de rénovation des résidences universitaires prévues dans le cadre du plan campus, pour lequel le projet lillois a obtenu une dotation de 110 millions d'euros de la part de l'Etat. L'opération doit notamment permettre la rénovation de 2700 logements et la construction de 3500 autres.
En outre, les dispositifs universitaires actuels ne fonctionnent pas bien vis-à-vis des étudiants en difficulté, quand la permanence du Secours populaire à Lille reçoit quant à elle 300 étudiants chaque semaine, parmi ses 1000 visiteurs habituels.
V.V.
