Dans un rapport publié le 7 janvier 2025, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) s’est intéressée à la jeunesse rurale. Elle a plus particulièrement décidé de se pencher sur leurs conditions matérielles « pour identifier ce que la résidence dans un territoire rural produit sur les transitions entre l’enfance et l’âge adulte et sur les phénomènes de pauvreté ». Pour répondre au mieux à l’objectif de cette mission, l’organisme a choisi d'analyser la situation d’individus âgés de 16 à 29 ans, d’interroger les organismes départementaux et les personnes accompagnées par les missions locales sur huit territoires (Nord de l’Aisne, Nièvre - Morvan, Sud Ardèche, Lodévois, Orne, Calvados, Deux-Sèvres et Nord Seine-et-Marne).
Une absence de données chiffrées récentes. L’étude démarre par un constat : l’impossibilité de déterminer le nombre précis de jeunes vivant sous le seuil de pauvreté selon leur lieu d’habitation. Les dernières données disponibles sont celles de Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), qui les chiffrent à 338 000 en 2014 (tranche 18-24 ans).
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Points communs et différences entre jeunes urbains et ruraux. Le rapport met ensuite en avant le point commun qu’ont les jeunes ruraux avec l’ensemble des personnes débutant sur le marché du travail. Ils subissent tous un taux de chômage important de 22,4 %, cumulé avec un manque d’accès à leurs droits et des difficultés à se loger.
- Néanmoins, les jeunes des territoires ruraux se distinguent notamment en ce qui concerne leurs conditions de vie.
- Le manque de développement des services publics freine l’emploi, auquel s’ajoutent l’éloignement et les problèmes pour se déplacer.
- Parce qu’ils vivent dans des zones éloignées, ils ont en outre moins de possibilité de suivre des formations dans l’enseignement supérieur.
- Seulement 28 % d’entre eux y accèdent, contre 37 % pour ceux venant de territoires urbains.
- Par ailleurs, même si la précarité monétaire est « légèrement plus favorable que celle des jeunes urbains », cette situation reste à nuancer. Par exemple, dans certains territoires, le chômage peut se hausser à plus de 40 %.
A noter également que l’ensemble de ces facteurs, auxquels s'ajoute un sentiment d’isolement, dégradent notablement leur santé mentale.
Des outils imparfaits. Dans un deuxième temps, l’Igas vient expliquer en quoi les politiques actuelles sont insuffisantes envers les publics jeunes ruraux précaires. Les outils spécialisés dans la formation, l’accompagnement vers la santé et l’emploi sont principalement dirigés vers les agglomérations denses.
- De même, malgré des démarches « d’aller vers » qui se sont développées ces dernières années, les jeunes les plus précaires dans les territoires isolés subissent le manque de coopération entre les acteurs.
- Le rapport note aussi une difficile prise en compte des contraintes de la ruralité, que ce soit au niveau des mesures d’aide ou de l’accès aux prestations sociales.
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Des recommandations à deux niveaux. Dans un troisième temps, l’Igas explique que pour remédier à ces problématiques, il faut apporter des réponses au manque de dispositifs adaptés et des solutions bénéficiant à tous les jeunes ruraux.
- Déterminer des objectifs pour les opérateurs locaux dans la mise en place de stratégies d’accompagnement.
- Recentrer les démarches de soutien des jeunes les plus précaires, en menant des actions de proximité.
- Définir des cadres d’intervention en ce qui concerne la mobilité, afin de laisser le choix à l’intéressé entre partir et rester.
- Améliorer l’appui de solutions hybrides pour la formation et l’apprentissage.
- Prendre en compte dans les politiques publiques le surcoût lié à la ruralité, par la généralisation de l’habilitation de service public.
- Maintenir le développement de la mobilité physique et cognitive.
- Déployer les dispositifs d’écoute de proximité et l’accueil par les maisons des adolescents.
Le rapport souhaite que la prise en charge des besoins des jeunes ruraux soit intégrée à l’ensemble des politiques structurantes.
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