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Les associations unies pour le logement des défavorisés restent sur leur faim à Matignon

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"Plus que des désaccords, nous avons des interrogations sur le rythme des réformes : ça ne va pas assez vite !" A l'instar de Florent Gueguen, directeur de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), les représentants du Collectif des associations unies pour le logement des personnes sans abri et mal logées, reçus mardi 14 mai par le Premier ministre, n'ont pas masqué leur déception alors que Jean-Marc Ayrault les a appelés à la patience.
Essentiellement consacrée à "la situation des mal-logés à la sortie de l'hiver", selon un communiqué de Matignon, cette réunion portait aussi "sur le dossier des bidonvilles" et, plus précisément sur la prise en charge des populations, notamment Roms, vivant dans des squats et autres campements de fortune.

Un constat partagé

D'où la présence autour de la table du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, aux côtés de son homologue de l'Egalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot, et de la ministre déléguée chargée de la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti.
"Partageant avec les associations le constat d'une crise économique et sociale sans précédent, qui précarise un nombre grandissant de nos concitoyens"
, selon ses services, le Premier ministre a ainsi logiquement réaffirmé "l'impératif de solidarité" qui guide l'action de son gouvernement.
Ce qui se traduit par des "engagements importants pris dès cette année", comme "la fin de la gestion au thermomètre de l'hébergement d'urgence grâce à la création de plus de 6 000 places d'urgence supplémentaires, de plus de 6 000 places en logement adapté, de 4 000 places en centre d'accueil pour demandeur d'asile", selon son communiqué toujours, Jean-Marc Ayrault n'ayant pas fait de déclarations à la presse à l'issue de sa rencontre avec les associations.

"Soyez patients"

Soulignant également "l'importance du développement des alternatives à l'hôtel et l'enjeu de l'accompagnement du plus grand nombre vers le logement de droit commun", il a renvoyé à cet égard aux propositions que doit formuler prochainement le préfet Alain Régnier, délégué interministériel à l'hébergement et à l'accès au logement.
Autant de rappels qui ont laissé les associations sur leur faim. "Le gouvernement nous dit : 'Nos mesures vont finir par produire leurs effets, soyez patients'", mais "nos concitoyens les plus fragiles ne peuvent plus attendre !", s'est pour sa part exclamé Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre, dans la cour de Matignon.
Aucune avancée n'a en effet été annoncée, que ce soit en termes de production de logements sociaux, de lutte contre l'habitat indigne ou de prévention des expulsions locatives, sur lesquelles le Collectif réclame de longue date un moratoire, comme il l'a rappelé début mai dans une lettre ouverte au chef du gouvernement, mais auquel l'Etat se refuse, en arguant de l'existence du droit au logement opposable (DALO) et "pour ne pas envoyer un signal négatif aux propriétaires", analyse Florent Guéguen.

La crainte d'un accueil dégradé

"On attendait des réponses à l'urgence sociale constatée sur les territoires mais on ne les a pas eues", a-t-il encore regretté, en ajoutant "la déception est particulièrement vive pour ce qui est de la prise en charge des sans-abri, la situation n'ayant pas évolué depuis un an".
Et le directeur de la FNARS d'exprimer "la crainte du secteur associatif d'assister à une régression vers un accueil de piètre qualité", alors que les associations réclament a contrario la reconnaissance d'un droit à l'accompagnement social des personnes sans domicile et qui bénéficient d'un hébergement, un droit qu'elles espèrent cependant voir inscrit dans le projet de loi sur le logement et l'urbanisme que Cécile Duflot doit présenter dans les prochaines semaines.
Quant à l'objectif de non-remise à la rue des personnes hébergées à la fin du dispositif hivernal, on en est loin, a commenté Florent Guéguen, et on n'en a pas fini avec "la gestion au thermomètre" des places d'hébergement, dont beaucoup vont fermer progressivement d'ici à l'été (jusqu'à 1 500 en Ile-de-France).
Sur la question de "l'accompagnement des familles vivant dans des bidonvilles et campements illicites", par ailleurs, qui a pris un relief particulier deux jours après l'incendie meurtrier de Lyon dans un bâtiment désaffecté squatté par des Roms roumains, le Premier ministre a défendu "la ligne politique équilibrée du gouvernement".

Une véritable politique d'intégration

Equilibrée ou équilibriste ? Elle se caractérise en effet par "un partenariat étroit avec le gouvernement roumain", pour améliorer les conditions de vie et de retour des Roms dans leur pays d'origine et par "la nécessité de procéder à l'évacuation des campements illicites, notamment quand la situation sanitaire ou de sécurité l'exige". Le tout dans "le respect de la circulaire du mois d'août dernier sur l'anticipation de ces évacuations, associée à une volonté de mener une véritable politique d'intégration pour les familles qui ont vocation à rester en France, en rompant définitivement avec la stigmatisation d'une population en proie à la misère".
Ce discours n'a cependant pas convaincu les associations, qui constatent toujours leur "désaccord avec le ministre de l'Intérieur qui induit l'idée que les Roms ne veulent pas s'intégrer, alors qu'une grande partie de cette population en a la volonté", selon le président du Secours catholique, François Soulage, et ce d'autant plus qu'au sein de cette population, au demeurant peu imoprtante en France, "nombre de personnes souffrent de discrimination dans leur pays d'origine".
Pour Laurent El Ghozi, président du Collectif Romeurope, enfin, "la circulaire d'août est mise en oeuvre de manière arbitraire, dérogatoire, totalement inadmissible", qui relativise les déclarations officielles, même si le Premier ministre semble avoir entendu la revendication des associations de privilégier le cadre du droit commun pour traiter cette question, a-t-il reconnu.

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