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« Le gouvernement doit cesser de prendre des mesures unilatérales » (Luc Carvounas, Unccas)

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Luc Carvounas, président de l'Unccas.

Crédit photo Flora Peille / ASH Le Mag
L'inflation, les choix budgétaires de l'Etat, la précarité en outre-mer... Autant de sujets qui impactent directement le budget et le fonctionnement des CCAS. A l'occasion des projets de lois de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2024, Luc Carvounas, détaille les propositions de l'Unccas qu'il préside. 

Rémunération des travailleurs sociaux, protection de l’enfance, société du bien vieillir… Dans le cadre des lois de finances et de financement de la sécurité sociale 2024, l’Unccas (Union nationale des centres communaux d’action sociale) liste 20 propositions pour améliorer l’accompagnement social et médico-social proposés aux publics vulnérables dans les territoires. Luc Carvounas, président national de l’union et maire socialiste d’Alfortville (Val-de-Marne), développe deux priorités préalables aux préconisations retenues et rappelle la nécessité d’impliquer pleinement les CCAS dans l’élaboration des politiques publiques.

ASH Le Mag : Pourquoi souhaitez-vous, en premier lieu, voir indexer la dotation globale de fonctionnement des CCAS sur l’inflation ?

Luc Carvounas : Occulter l’inflation dans les budgets génère des répercussions sur le service public tout entier. En effet, les communes sont contraintes d’augmenter leurs subventions dédiées aux CCAS d’une année sur l’autre. A Alfortville, par exemple, depuis 2020, nous sommes passés d’un versement de 2 millions à 2,5 millions d’euros. Et la hausse ne va pas cesser.

Par quels moyens est-il possible d’économiser ?

Le gouvernement doit cesser de prendre des décisions unilatérales. Ces dernières, comme la revalorisation du point d’indice sur les primes, percutent de plein fouet nos budgets de fonctionnement. L’impact est majeur. J’ai fait les comptes pour Alforville et, en deux ans, l’ensemble des choix étatiques ont amputé notre budget de 2 millions d’euros, qu’il faut retrouver. Autre conséquence : l’impossibilité de verser, en 2023, la prime de pouvoir d’achat exceptionnelle. Nos dirigeants l’ont admis, puisque l’échéance prévue pour ce paiement a été repoussée à juin 2024. Cette situation est loin d’être inédite. Par ailleurs, il aurait fallu maintenir la taxe d’habitation. D’une moyenne de 650 € par personne, elle représentait 22 milliards chaque année. Désormais compensée par l’Etat, cette somme manque au budget global. Au moment de sa disparition, en tant que maire, j’ai fait le choix politique d’augmenter les impôts fonciers. J’ai pu mettre 2,2 millions de côté mais, entre l’inflation et les décisions de l’Etat, il ne reste rien. Il est certain que de nombreuses villes vont se retrouver « dans le rouge ».

A lire aussi : Braderie du social, le secteur veut sensibiliser l'opinion publique

Pourquoi  l’Unccas inscrit-elle le déploiement d’un plan d’urgence pour les services publics dans les outre-mer comme seconde exigence ?

En termes de précarité, les indicateurs dans l'Hexagone et dans les territoires ultra-marins montrent, pour ces derniers, une situation plus délétère du point de vue des carences sociales et des services publics. De grands opérateurs refusent d’investir pour l’accès à l’eau potable dans des territoires comme Mayotte. Les enjeux s’avèrent donc majeurs. Autre exemple, en Guadeloupe, où je me suis rendu en janvier dernier. Le président du département indiquait qu’un milliard d’euros était nécessaire pour reconstruire l’île à la suite de la tempête Fiona de septembre 2022. Plusieurs mois après, les travaux n’avaient pas été entrepris. Il faut accompagner ces départements et répondre aux enfants dont le temps scolaire se voit réduit de 20 % en raison du manque d’eau ou de voies de circulation altérées.

La situation y est aussi catastrophique dans certains Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Renouer avec la Caisse des dépôts pour entreprendre la transition écologique, énergétique et réhabiliter les bâtiments s’avère être une possibilité de manœuvre pertinente.

Quelles autres solutions préconisez-vous pour répondre aux enjeux de ces territoires ?

Nous avons déjà débuté nos actions avec l’ouverture de CCAS à Mayotte et la formation d’agents. Nos opérations de terrain comptent. Nous disposons d’un vrai savoir-faire. Il faut certes des moyens mais peut-être aussi créer une agence ultra-marine basée sur des relations interministérielles.

En parallèle, nous préparons depuis deux ans un événement pour la mi-novembre à Saint-Denis de La Réunion. Il s’agit de la rencontre entre adhérents de l’Hexagone et des territoires d’outre-mer.

Sur un autre plan, comment expliquez-vous que l’Unccas n’ait pas été partie prenante du Conseil national de la refondation ?

Soit le président de la République nous perçoit comme des opposants, ce qui n’est pas le cas puisque nous sommes transpartisans, soit nous dérangeons. C’est curieux car il ne pourra pas aller bien loin sans nous. Nous représentons 80 % du territoire national et l’ensemble des villes de plus de 10 000 habitants adhèrent à l’Unccas. Il ne faut pas oublier que les CCAS sont le premier guichet d’accueil social des citoyens et que nous fournissons chaque année l’analyse des besoins sociaux du pays. La solidarité doit, de manière opérationnelle, être portée par le bloc communal. On nous parle de décentralisation, nous avons notre rôle à jouer.

>> A lire : les 20 propositions de l'UNCCAS


@luccarvounas conclue la conférence de presse @unccas en martelant que "Nous n'avons pas le droit de baisser le rideau. Une ville ne peut pas s'effondrer, sinon tout s'effondre ! On ne fait pas la manche, on sollicite simplement l'attention des pouvoirs publics"@gouvernementFR pic.twitter.com/umm2xbxwip

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