La formation par alternance, qu’elle se fasse par le biais du contrat d’apprentissage ou de celui de professionnalisation, représente-t-elle une aubaine pour permettre aux jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) d’accéder plus facilement au diplôme et à l’emploi ?
A en croire une étude que viennent de réaliser conjointement le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) et l’Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT), au premier regard, la réponse semble être affirmative.
Réduction de l'écart d'accès à l'emploi
C’est un fait : alors que les 15-29 ans étaient, jusqu’en 2020, confrontés à un taux de chômage deux fois supérieur à celui de leurs homologues des quartiers voisins (30 % contre 15 %), les efforts des pouvoirs publics en faveur du développement de l’alternance, engagés à partir de la réforme « Pénicaud » de 2018, semblent avoir porté leur fruits.
Ainsi, ces populations globalement moins diplômées (26 % sont sans diplôme contre 10 % de la population du même âge issue d’autres quartiers) et plus souvent orientées vers des filières professionnelles ou techniques (71 % contre 54 % dans le cadre, par ailleurs, d’une orientation contrainte en fin de 3e pour 35 % d’entre eux) ont bien rattrapé un certain « retard d’insertion ».
Ainsi, alors que l'écart entre l’accès à l’emploi lors des trois premières années de vie active est de 19 points entre les jeunes de QPV et leurs voisins pour ceux sortis par la voie classique (51 % contre 70 %), il se réduit à 10 points entre alternants (68 % contre 78 %).
Par ailleurs, si le contrat d’apprentissage représente une voie égale d’accès aux diplômes de niveau Bac + 5 pour les jeunes des quartiers populaires et les autres (16 %), le contrat de professionnalisation est un accélérateur de qualification pour les premiers plus élevé que pour les seconds (16 % contre 14 %).
23 % des jeunes de QPV accèdent à l'alternance
Seul hic : l’accès aux formations en alternance, lui, ne s’est pas encore démocratisé. Seuls 23 % des jeunes de QPV y accèdent contre 33 % de leurs homologues. Même ceux engagés sur la voie professionnelle effectuent moins souvent leur cursus en alternance (9 % contre 16 %). Une situation que les enquêteurs expliquent par plusieurs facteurs : l’origine immigrée de ces jeunes (plus souvent orientés vers les lycées professionnels que les structures pratiquant l’alternance), l’éloignement physique des centres de formation d’apprentis (CFA) de ces quartiers, mais aussi un accompagnement moindre lors de la phase de recherche d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation ainsi qu’une difficulté accrue à trouver une entreprise d’accueil.
Parmi ceux qui se lancent dans l’alternance, 15 % indiquent d’ailleurs avoir interrompu leur cursus faute d’employeur pour les accueillir (contre 10 % de leurs homologues) et 12 % y ont renoncé à cause de freins provoqués par l’absence de mobilité (contre 6 % des autres jeunes alternants).
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