Que représente l’entrée de l’Anas dans cette instance ?
C’est pour nous la possibilité de mettre en lumière le rôle des assistants de service social. Jusqu’alors, ces professionnels pouvaient être représentés via d’autres organisations dans l’instance, mais l’Anas n’y siégeait pas. Cette entrée était nécessaire, il s’agit d’une ouverture du CNLE à d’autres interlocuteurs.
Il y a d’autre part, au CNLE, ce qu’on appelle le 5e collège, composé de personnes accompagnées. Dans le cadre de notre nomination, nous avons contribué à un avis sur la complémentaire santé solidaire. Au moment de la présentation de cet avis, nous avons pu observer que ce dont nous avions parlé était largement partagé par les personnes accompagnées. Nous nous sommes retrouvés dans leurs témoignages que nous pouvons par ailleurs compléter. Cela nous conforte dans notre choix de siéger au sein du Conseil.
Quels sont les points que vous souhaitez mettre en lumière durant ce mandat ?
Parmi les points saillants, on retrouve la difficulté des personnes à accéder à des guichets de service public, ainsi que l’absence de la polyvalence de secteur dans les discours. Nous avons l’impression que toutes ces assistantes sociales, qui sont au contact des populations, peinent à exister dans les discours publics, ce qui n’a pas toujours été le cas.
J’ai également noté un point assez particulier. Les membres du comité scientifique du CNLE, en charge de l’évaluation de la pauvreté, nous ont fait part de leurs difficultés à trouver des chiffres, notamment sur des aspects qualitatifs. Ils reprennent, bien sûr, les différentes données de l’Insee, qui sont plutôt des données quantitatives monétaires. Mais ils sont en recherche d’indicateurs sur la manière dont est vécue la pauvreté.
Nous avons été extrêmement surpris, puisque dans les conseils départementaux, ainsi que dans l’ensemble du secteur social, il nous est sans cesse demandé des tonnes de chiffres, des tableurs Excel… Nous nous sommes dit que quelque chose ne passait pas entre nos différents employeurs, les financeurs de nos actions et puis ces instances, comme le CNLE, qui est pourtant au cœur de cette réflexion. Il y a un vrai sujet et nous n’avons pas manqué de le signaler.
Il s’agit aussi de montrer les difficultés que rencontrent les professionnels, comme en témoigne le mouvement social actuel, qui va au-delà des revendications salariales et met en lumière l’état du secteur. C’est un point clé, car les difficultés rencontrées par les personnes accompagnées sont largement liées aux problèmes que dénoncent les travailleurs.
Le reporting, par exemple, n’apporte pas grand-chose aux professionnels de terrain et peut être pas grand-chose non plus à l’éclairage des politiques publiques. Il est important d’être au plus proche des attentes et de ne pas se laisser emporter par un discours de clivage dans lequel les travailleurs sociaux endossent l’échec des politiques publiques.
Le CNLE est un organisme consultatif. Dans cette mesure, quel impact espérez-vous avoir ?
Ce n’est que consultatif, mais consultatif auprès du Premier ministre. C’est un peu différent de nos autres représentations auprès du ministère des Solidarités ou du secrétariat d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles. Il s’agit d’une représentation plus large. Et nous espérons pouvoir aller plus loin.
Sur la complémentaire santé solidaire, par exemple, nous avons travaillé à des propositions très concrètes, de façon à pouvoir donner des pistes à la direction de la Sécurité sociale et au ministère, pour rendre le dispositif réellement plus efficace.
Tout cela est une action de plaidoyer auprès des pouvoirs publics, mais qui diffère de celle que nous avons l’habitude de réaliser, puisqu’elle s’effectue en collectif, avec les autres organisations.