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JO 2024 : le « nettoyage social » concerne aussi les travailleurs du sexe

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Ce rapport préconise, entre autres, le relogement de chaque travailleur du sexe expulsé de son logement.

Crédit photo ginettigino - stock.adobe.com
Plusieurs associations anti-abolitionnistes, dont Act Up-Paris, publient un rapport pour dénoncer la politique répressive menée dans le contexte olympique à l’encontre des personnes en situation de prostitution.

Tordre le cou aux idées reçues et alerter. Ce sont les deux objectifs que se sont fixées différentes associations de travailleurs du sexe ou de leurs soutiens – dont Act Up-Paris, la Fédération Parapluie Rouge et le collectif Saccage 2024 – en publiant un rapport sur les conséquences délétères et déjà visibles des préparatifs des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) sur celles et ceux qui se prostituent.

Intitulé « Les Jeux olympiques et paralympiques, un confinement social pour les travailleuses du sexe », ce document entend à la fois réfuter ce que ses auteurs estiment être des clichés à propos de la prostitution, dénoncer les atteintes aux droits et proposer des mesures concrètes pour leur éviter de faire partie du « nettoyage social » touchant plus largement les personnes en situation de rue ou de précarité dans le contexte olympique.

>>> A lire aussi Paris 2024: comment endiguer le « nettoyage social »

Clairement opposé aux théories abolitionnistes, le rapport consacre sa première partie à réfuter, point par point, l’idée selon laquelle les JO entraîneraient une explosion de la prostitution ou de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation dans le commerce du sexe. « Le tapage médiatique fait autour de la "hausse de la prostitution" pendant les grands événements sportifs est le plus souvent basé sur de la désinformation, des données fallacieuses et une tendance au sensationnalisme. »

Si l’afflux massif de touristes ne constitue pas pour les auteurs un facteur multiplicateur du phénomène – le nombre de victimes de la traite dépendrait plutôt de « la hausse de la pauvreté » et « d’un mauvais accueil des personnes migrantes » –, le contexte olympique provoquerait en revanche des risques accrus d’invisibilisation et de mise en danger des travailleurs du sexe déjà sur place. Une approche répressive qui serait justifiée par « l’amplification des phénomènes de réseaux » et qui se matérialise par exemple par les expulsions massives de travailleurs du sexe de leur hébergement.

Toujours selon ce rapport, l’intensification des interventions policières – déjà initié par la loi de 2016 pénalisant les clients – modifie les habitudes de travail et le rend plus dangereux : de moins en moins sur le trottoir, les personnes en situation de prostitution louent des chambres dont le prix prohibitif les pousse hors de Paris, les coupant ainsi de leur communauté et des travailleurs sociaux qui les accompagnent. Ceux qui ne maîtrisent pas le français ont par ailleurs besoin de passer par un tiers, potentiellement maltraitant, pour effectuer des démarches qui n’existent pas en cas de prostitution de rue.

Dans un troisième temps, un chapitre « perspectives » propose toute une série de pistes à suivre pour sortir du « tout répressif ». En voici quelques-unes.

Pour protéger les personnes victimes de traite :

  • Inclure les associations de santé communautaire dans le mécanisme d’identification des victimes de traite des êtres humains (TEH).
  • Faciliter l’accès à des papiers pour tous, afin de réduire l’exploitation au travail notamment dans les secteurs les plus touchés par la TEH.

Pour lutter contre les violences et garantir l’accès aux droits des travailleurs du sexe :

  • Mettre à disposition de ceux qui exercent dans l’espace public une brochure précisant la délimitation dans l’espace et dans la durée des sites qui seront privatisés par les jeux et de l’information sur leurs droits en cas d’abus policier ou de violences.
  • Permettre une libre circulation des travailleurs du sexe incluant la gratuité des transports afin qu’ils ne rencontrent pas de freins dans l’accès aux outils de réduction des risques ou de rupture de leur suivi médico-social.

Pour garantir un accès inconditionnel au logement pour les travailleurs du sexe :

  • Abroger les dispositions des lois sur le proxénétisme qui obligent les propriétaires à expulser les travailleuses du sexe de leur logement.
  • L’Etat doit prévoir systématiquement des possibilités de relogement à chaque expulsion de travailleuses du sexe de leur logement.

 

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