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Hébergement : un pari mal engagé pour les « sas régionaux de desserrement »

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Au mois de juin, chaque soir en France, plus de 6 000 ménages dont 1 800 enfants restaient sans solution d’hébergement faute de réponse des services du Samu social.

Crédit photo Arnaud Le Vu / Hans Lucas / AFP
Dans son bilan annuel, le Collectif des associations unies dénonce une nouvelle fois la gestion des dispositifs d’hébergement d’urgence par l’Etat. La fermeture de places d’accueil et le transfert de personnes sans domicile vers des « sas régionaux de desserrement » complexifient davantage l’accompagnement social.

En ce début d’été, le bilan dressé par les 40 organisations du Collectif des associations unies (Cau) sur la situation de l’hébergement et du logement s’avère mauvais. Alors que les travailleurs sociaux font face, depuis de nombreux mois, à la tension exercée sur le secteur en raison du manque de places, tous contingents confondus, les objectifs budgétaires tendant aux restrictions. Et ce, dans un contexte d’accroissement des besoins.

Au mois de juin, chaque soir, plus de 6 000 ménages dont 1 800 enfants restaient sans solution d’hébergement faute de réponse des services du Samu social. Dans le même temps, le nombre d’expulsions locative connaît un niveau record : 17 500 en 2022.

Des consignes contestées

« On réassiste à une absence de continuité d’hébergement. Ce jeu de chaises musicales s’avère extrêmement grave car il concerne aussi les enjeux d’attractivité des métiers, malmenés dans cette logique de “stop and go”, avec des actions menées uniquement en cas d’urgence », indique Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), à l’occasion d’une conférence de presse organisée pour présenter le bilan du CAU.

De nombreux départements observent, en effet, la diminution du nombre de places d’hébergement, majoritairement en hôtels sociaux. « Les consignes données aux associations sont de prévoir des fins de prise en charge, de ne plus envisager de nouveaux projets, de prioriser les publics et de ne plus prendre en charge les personnes isolées », dénonce le collectif.

4 000 places supprimées en Ile-de-France

En Ile-de-France, les réductions de crédits et dotations « hébergement » alloués aux SIAO (services intégrés de l’accueil et de l’orientation) et aux associations par les préfets se chiffrent à 6 % ou 8 %. Avec pour objectif, la suppression, avant la fin de l’année, de 4 000 nuits d’hôtel, dont la moitié se situent en Seine-Saint-Denis. En parallèle, sur le terrain, les maraudes et les accueils de jour notent une augmentation des publics en demande. De fait, l’impact se répercute sur l’accompagnement social dont les acteurs se voient contraints d’opposer les priorités.

Pour l’Etat, l’alternative repose sur des actions mises en place depuis mars : l’orientation de sans-abri dans des « sas régionaux de desserrement ». Ces transferts entendent désengorger les services d’accueil de région parisienne. Présents sur l’ensemble des territoires, excepté dans les Hauts-de-France, en Corse et en Ile-de-France, ces sas ont vocation à accueillir 50 personnes toutes les trois semaines afin de les prendre en charge de façon adaptée, dans différentes régions. « Un prétexte pour renforcer la carence du dispositif francilien », note le Collectif des associations unies.

Opacité du dispositif

Basé sur le principe de la solidarité nationale, le niveau d’exigence du dispositif s’avère clair : adhésion des personnes, prise en compte des attaches territoriales (emploi, scolarité des enfants, parcours de soin…), préparation avec les partenaires locaux des territoires concernés et anticipation des possibilités d’hébergement au-delà des trois semaines.

Pourtant, le manque de coordination met à mal le travail des professionnels. A Toulouse, où 350 personnes doivent sortir du dispositif hôtelier d’ici à la fin de l’année, les principes d’inconditionnalité et de continuité de l’accueil sont impossibles à garantir. « Le nouveau dispositif brille par sa grande opacité », souligne Lydie Carloux-Yog, directrice de la délégation locale du Secours catholique. « C’est dans ce contexte que nous avons appris l’arrivée des premières personnes. Aucun appel à projet ni appel à manifestation d’intérêt ne fixe les modalités d’accueil. On a vraiment du mal à savoir ce qui va se passer pour ce public dans les prochaines semaines. Il est certain qu’elles n’ont pas vocation à rester sur Toulouse. »

Des besoins non anticipés
D’autres témoignages font état de l’accueil inadapté du public en situation d’addiction, d’inégalités de traitement par la priorisation des usagers arrivant d’Ile-de-France face à ceux qui attendent un hébergement sur le secteur d’accueil. La désinformation du public, qui pense, à tort, que sa délocalisation a vocation à lui permettre d’intégrer un logement social, agrémente aussi la liste des problématiques retenues. En réponse, « de nombreuses personnes quittent le dispositif, voire reviennent en Ile-de-France », détaillent les associations du collectif. « Dans un contexte de crise du logement, un projet de loi rectificatif pourrait prévoir l’arrêt de la diminution du nombre de places. Une planification du contingent au regard de la hausse des besoins permettrait aussi de résoudre la tension installée sur le secteur », conclut Nathalie Latour.

 

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