C’est un nouveau droit individuel qui fait ses premiers pas. L’aide à la vie partagée (AVP) prend la forme d’un forfait compris entre 3 000 et 8 000 € par an et par habitant de logement inclusif. En réponse à un appel à projets de l’agence régionale de santé et du département d’Ille-et-Vilaine, l’ADIMC 35, membre de la fédération Paralysie Cérébrale France, lance une expérimentation à Vern-sur-Seiche.
La résidence compte cinq personnes (et bientôt six) qui se déplacent en fauteuil roulant électrique et ont besoin d’aide pour les gestes de la vie quotidienne. Depuis 2019, elles occupent six appartements dans un groupe de 85 logements (privé et social mélangés) et disposent en outre d’un espace commun. Pour Guillaume Catroux, le directeur général de l’association, il s’agit désormais, grâce à l’AVP, de franchir une étape supplémentaire, de passer d’un logement regroupé existant à un habitat inclusif : « C’est un changement de paradigme. Le seul regroupement visait à mutualiser l’aide humaine, avec, certes, une mise en lien entre les habitants. Mais là, il s’agit de mettre en place, avec et pour les personnes, un projet de vie sociale et partagée, dans et hors de notre résidence. »
Accompagner autrement
Une innovation, donc, qui le conduit à préciser que la fonction d’animatrice ou animateur créée grâce à ces AVP « reste à inventer ». « Cela ne remplace pas un service médico-social. Ce n’est pas une coordination de parcours, mais une fonction facilitatrice qui doit permettre aux personnes d’être des citoyens à part entière, intégrés à la vie de la cité. »
Virginie Chevrel, animatrice habitat inclusif depuis le début du mois, partage l’analyse : « Je dois assurer la mise en lien avec les structures de droit commun, qu’il s’agisse des administrations ou des lieux culturels. En passant par les commerces… » Pour cela, dès sa prise de poste, elle a commencé par rencontrer chaque résident individuellement pour recueillir ses souhaits d’activités personnelles et collectives, dans et hors de la structure. Elle a dû aussi leur expliquer son nouveau rôle, elle qui pendant près de huit ans avait côtoyé ces personnes en tant qu’auxiliaire de vie. « Depuis longtemps, je voulais accompagner certains d’entre eux autrement que par la réalisation de gestes du quotidien, confie la professionnelle. Cela s’inscrit dans la continuité de mon travail et de ma participation à la mise en place de l’habitat regroupé, et il y a tellement de choses à faire… » Guillaume Catroux estime que le projet aura réellement pris son envol à la rentrée.