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Familles monoparentales : des clefs pour sortir de la précarité

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Au Samu social de Paris, les familles monoparentales constituent environ 40 % du public accueilli.

Crédit photo Adobe stock
Organisée le 12 mars par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), la journée nationale « Droits des femmes en situation de précarité » a permis au public, composé de travailleurs sociaux, de partager et de revendiquer les besoins des mères isolées en situation de pauvreté. Le but : affiner leur accompagnement en reconnaissant leurs spécificités.

« Pour des politiques publiques qui prennent en compte les besoins spécifiques des mères isolées » : tel était le thème d’une table ronde organisée le 12 mars par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) lors d’une journée d'étude sur les droits des femmes en situation de précarité. Le choix du sujet semblait inévitable dans un contexte où les professionnels accompagnent quotidiennement des familles monoparentales.

En effet, comme le souligne le dernier rapport du Secours catholique – « Etat de la pauvreté en France 2023 » –, la précarité touche en premier lieu les femmes, et en particulier les mères de famille. En France, deux millions de familles monoparentales sont ainsi dénombrées et 32 % d’entres elles vivent sous le seuil de pauvreté (chiffres Insee). « Le sujet reste un angle mort des politiques publiques », affirme, en préambule, Clémence Pajot, déléguée générale de la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) dont les adhérents accompagnent 100 000 femmes chaque année.

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Rompre l’isolement

Premier constat : sur le volet hébergement, les dispositifs mis en place ne tiennent pas toujours compte du facteur « genre » du public, ce qui conduit à l’invisibiliser. « Les solutions mixtes ne permettent pas de proposer des réponses adaptées aux femmes. Il s’avère donc crucial de créer des lieux non mixtes, sinon les femmes ne reviennent pas », détaille Pauline de la Cruz, intervenante à la table ronde en tant que directrice projet innovation pour l’association Les Eaux vives, située en Loire-Atlantique. L’ouverture de deux lieux d’accompagnement pour les familles sur ce territoire ont permis d’accueillir avec leurs enfants des femmes issues de squats ou de bidonvilles. Une occasion de travailler sur leurs spécificités. « 99 % d’entre elles ont connu des situations de violences », pointe la directrice.

Ouverture de droits, accès au titre de séjour, problèmes de santé, de langue ou de mode de garde. Avec l’appui de partenaires, la remobilisation peut s’opérer. « Le travail autour du collectif et du lien social est important car il s’agit, pour beaucoup, de femmes isolées », souligne Pauline de la Cruz. Avec l’objectif de restaurer la confiance en soi. En termes de travail sur les freins à l’autonomie financière, certains dispositifs mobilisent des éducateurs afin de garder les enfants durant les rendez-vous.

Travailler sur l’interculturalité

Parmi les autres leviers identifiés, la prise en compte des problématiques transculturelles : traumatismes, relation à la parentalité dans un contexte courant de manque de solution de logement. Pour répondre aux enjeux, certaines associations testent l’intervention de psychologues spécialisés sur des temps collectifs ou individuels. Et ce, par le biais de « l’aller vers », c’est-à-dire sans que le public n’ait besoin de demander de l’aide. « D’autant plus que l’interculturalité pose des questions singulières dans l’accompagnement à la parentalité de familles étrangères. La plupart des mères ont laissé des enfants dans le pays qu’elles ont quitté, et devoir, par la suite, confier leurs enfants à des inconnus pour aller travailler n’est pas simple. Sachant que dans de nombreux pays, seuls les proches peuvent garder les enfants », explique Pauline de la Cruz.

>> Sur le même sujet : La député Fanta Berete entend « donner un statut juridique à la monoparentalité »

« Il ne faut pas minimiser l’isolement que peut aussi générer l’obtention d’un logement social », abonde-t-elle. « Il arrive un moment où la vie en collectif dans le pays d’origine ou au sein de structures d’hébergement font place à l’isolement. Cela peut générer le sentiment d’une nouvelle rupture qui n’est pas toujours anticipée et prise en compte. »

Reconnaître le statut de parent isolé

Plus globalement, et face aux statistiques relevées sur la pauvreté, des attentes des politiques publiques se formalisent. Le premier acte se concrétise par la mission sur les familles monoparentales confiée à la députée Fanta Berete et au sénateur Xavier Lacovelli dont les conclusions devraient être remises en juillet prochain.

Avec 15 recommandations, la FNCIDFF s’inscrit elle aussi dans la lutte contre la mise au banc des mères seules avec enfants. La création d’un statut de parent isolé constitue la première d’entre elles. L’idée étant de leur ouvrir des droits, des avantages et des réductions en matière de transports, de restauration scolaire et d’accès aux activités culturelles et sportives.

Sur le plan du logement, la fédération souhaite que la situation de parent isolé soit prise en compte dans les critères d’attribution de logements sociaux. Les solutions de modes de garde apparaissent également essentielles. « Avec la création d’un service public de la petite enfance sur l’ensemble des territoires et un droit opposable qui permettraient aux familles monoparentales d’être priorisées », indique explique la déléguée générale de la FNCIDFF. Parmi les autres objectifs à atteindre, la fédération souhaite voir doubler les jours de congés « enfant malade », réévaluer le montant des pensions alimentaires et le défiscaliser. « Aujourd’hui, l’administration fiscale verse des allocations dont les montants sont insuffisants pour couvrir les frais liés à la parentalité tels que les tarifs des crèches. En parallèle, le congé parental est mal rémunéré et le périscolaire reste inaccessible à ces femmes », rappelle Clémence Pajot.

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Autre grand enjeu : la protection des mères isolées face aux violences familiales pour proscrire le recours « au prétendu syndrome d’aliénation parentale ». Dans le même temps, la création d’une commission d’enquête pour lutter contre les mouvements conservateurs qui visent à décourager la séparation est préconisée. « Ces derniers nous inquiètent particulièrement dans le cas de violences. Et les discours sur la promotion de la médiation familiale systématique en cas de séparation sont alarmants », confie Clémence Pajot.

Enfin, le déploiement, au niveau local, de dispositifs d’aide à la parentalité en lien avec le tissu associatif, et le décloisonnement financier entre les secteurs sanitaire, social et médico-social sont attendus.

Durant cette journée d'échanges, ont également été abordés l’accès à la santé des femmes précaires ou encore le manque de considération des travailleuses sociales en raison de leur sexe.

> Le plan d’action de la FNCIDFF pour en finir avec la précarité des mères isolées

 

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