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Les expulsions de lieux de vie informels ont augmenté en un an

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Sur la dernière année, l'Observatoire des expulsions collectives de lieux de vie informels recense 1 111 actions de démantèlement sur le territoire.

Crédit photo Anna Margueritat / Hans Lucas / AFP
Des expulsions en hausse, des biens détruits, des enfants traumatisés... Publié le 28 novembre, le cinquième rapport de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels souligne une tendance à la répression, au mépris des droits au relogement des personnes évacuées. 

1 111 expulsions. Tel est le nombre d’évacuations de squats, de bidonvilles ou de campements menées par les forces de l’ordre entre novembre 2022 et fin octobre 2023. Rendu public le 28 novembre, le cinquième rapport annuel de l’Observatoire des expulsions collectives de lieux de vie informels (1) enregistre une majorité d’actions sur le littoral nord (729). « Chaque lieu de vie représente en moyenne 130 personnes », détaille le document.

  • Les derniers chiffres retiennent une augmentation du phénomène : 382 expulsions ont été recensées hors Calais (Pas-de-Calais) et Grande-Synthe (Nord), contre 308 l’année précédente.
  • « Ce sont des gens qui ont peu accès à leurs droits et à la justice », rappelle Manuel Domergue, directeur des études pour la Fondation Abbé-Pierre, à l’occasion d’une conférence de presse organisée pour la sortie du rapport. « En fonction de la valse des préfets, nous observons des changements de doctrine sur le terrain. L’aspect répressif monte en puissance depuis plusieurs mois », dénonce-t-il.


Destruction de biens systématique

Encadrée par une instruction gouvernementale publiée le 25 janvier 2018 par la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), l’organisation de la résorption des bidonvilles prévoit pourtant de tenir compte de la lutte contre la grande précarité. Et ce, par l’anticipation des démantèlements pour assurer l’accès aux droits des personnes concernées : hébergement, soins, éducation…

  • « Pourtant, les suivis et les relations avec les travailleurs sociaux sont rompus, nous sommes sur une tendance à l’aggravation des situations des familles avec des destructions de biens ainsi que peu de diagnostics sociaux (3 %) et d’accompagnement effectifs », pointe le directeur des études de la fondation.
  • L’observatoire note, par ailleurs, que « dans 85 % des cas, les expulsions ne donnent lieu à aucune solution d'hébergement ou de relogement, contraignant les personnes à l’errance ».

> A lire aussi : Logement : 38 000 personnes expulsées en 2022

Impacts sur la santé mentale des enfants

Parmi les dommages collatéraux, les associations dénombrent des conséquences délétères sur les plans physique et psychique des enfants.

  • « L’impact des expulsions s’avère très direct sur leur santé mentale, notamment en raison des violences verbales et physiques subies. Les arrivées de dizaines de vans de CRS et de voitures de police avec des personnes en uniforme accentuent les traumatismes », explique Julie Brémond, coordinatrice interassociative MNA littoral Nord.
  • Acteurs passifs d’évacuations à répétition et éponges émotionnelles, les enfants n’ont pas la possibilité de raconter ce qu’ils subissent souvent tôt le matin et par surprise, ce qui favorise leur anxiété.
  • Les associations parties prenantes de l’observatoire signalent donc le manque de considération de leur santé et de leur scolarité au sein des logiques d’expulsion.

La charge mentale des MNA. Vécues comme du harcèlement quotidien, les expulsions plongent les mineurs non accompagnés (MNA) dans un sentiment constant d’instabilité.

  • En cause, un quotidien basé sur la survie dans lequel la crainte de la saisine et de la destruction des affaires personnelles restent une charge mentale.
  • « Tout comme les jeunes enfants en famille, les MNA sont constamment dans des techniques d’évitement avec une absence totale de répit psychologique qui empêche toute forme de projection. Ils deviennent incapables de se concentrer ou de participer à des activités qui sortent du quotidien », souligne Julie Brémond.


Une charte des droits des habitants des lieux informels

Au regard de ces constats, les associations de l’observatoire appellent à une politique de résorption qui prenne en compte l’intérêt supérieur des enfants – premières victimes des expulsions –, comme un enjeu majeur, et garantisse leurs droits fondamentaux. Plus globalement, pour répondre aux enjeux et protéger les populations concernées, l’observatoire inclut dans son rapport annuel une charte des droits des habitants de lieux de vie informels, à destination des décideurs publics. Des réponses juridiques concrètes pour se protéger et se défendre y sont listées.


(1) L’observatoire se compose de six associations : la Fondation Abbé-Pierre, La Ligue des droits de l’Homme, Médecins du monde, le collectif Romeurope, la plateforme des soutiens aux migrants, Human Rights Observers, FNASAT Gens du voyage et ANGVC.

>>> Le rapport annuel de l'Observatoire des expulsions collectives de lieux de vie informels

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