Exclusion, souffrances physiques et psychiques, renoncement… De nombreuses personnes sans domicile ne disposent pas de suffisamment de ressources pour demander de l’aide. Dans un plaidoyer publié le 22 janvier, l’association Aurore rappelle aux professionnels l’existence de la veille sociale, mission de service public chargée des personnes sans abri.
« La France comptait 330 000 personnes sans domicile personnel en 2023. Environ 3 000 femmes et plus de 2 000 enfants dorment chaque nuit dans la rue, exposés aux violences et à des conditions sanitaires extrêmement précaires », soulignent les auteurs du document.
Face à ce constat, l’association porte plusieurs recommandations pour orienter les politiques publiques, pallier le manque d’attractivité et accueillir dignement les personnes à la rue.
1. Réformer l’accessibilité à l’hébergement et au logement
L’action des services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) comporte des limites, notamment sur le plan des délais d’intervention observés. « Parfois longs pour l’obtention d’un hébergement, ou pour ceux qui y sont prêts, d’un logement, ils peuvent se révéler fatals quand les conditions de vie extrême (canicule, grand froid…) ou l’état de santé de certaines personnes justifieraient une prise en charge immédiate », pointe l'association.
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Dans ce contexte, la création d’un contingent de 1 % de places réservées aux urgences absolues dans le parc d’hébergement résoudrait de nombreux blocages. En parallèle, le renforcement des partenariats entre les SIAO et la veille sociale permettrait d’assurer une coordination fluide dans la gestion du parcours des usagers. En termes de solutions, l’accès direct à des pensions de famille avec, là encore, un contingent de 1 % de places dédiées aux personnes identifiées par les maraudes comme suffisamment autonomes et disposant de revenus est également préconisé.
2. Refonder les accueils de jour
Parmi les autres recommandations, la transformation progressive des dispositifs de veille sociale en espaces médico-sociaux intégrés. Et ce, pour permettre aux personnes d’accéder aux soins dès le premier accueil. Les soins délégués à des partenariats extérieurs se révèlent, en effet, inefficaces. Ils constituent pourtant une composante indispensable de l’accompagnement des personnes précaires, qui présentent souvent des fragilités psychopathologiques, des addictions ou des comorbidités. Dans ce contexte, les soins doivent être pleinement intégrés au fonctionnement des accueils de jour avec la présence d'infirmiers ou de psychologues.
En complément, l’association Aurore préconise que « ces dispositifs de veille sociale relèveraient dès lors de la politique d’accompagnement des personnes à difficultés spécifiques du ministère de la Santé ».
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3. Mobiliser le savoir expérientiel
Parmi les outils probants d’accompagnement, le recours à la pair-aidance se révèle efficient, en particulier pour les personnes ayant connu l’addiction ou la vie à la rue. « La personne accompagnée peut ainsi s’identifier à quelqu’un ayant le même vécu qu’elle », assure l’association. Le partage des expériences de travailleurs pairs permet d’accompagner la réflexion des usagers sur leur propre situation, favorisant ainsi leur remobilisation. Mais leur statut reste souvent informel et les compétences dont ils disposent non reconnues, regrette Aurore.
Pour y remédier, l’association souhaite voir formaliser les modalités d’accueil de travailleurs pairs au sein des dispositifs de veille sociale. Autre revendication : obtenir des financeurs publics la reconnaissance du travail pair comme composante essentielle des dispositifs de veille sociale.
4. Former le personnel d’accueil
Enfin, pour améliorer l’accompagnement, le plaidoyer table sur la professionnalisation du métier d’agent d’accueil, « via une formation articulée autour de compétences essentielles : communication non violente, gestion des conflits, premiers secours en santé mentale… ».
>> Découvrir l’intégralité du plaidoyer Sans-abrisme de l’association Aurore
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