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En Bretagne, des travailleurs sociaux alertent

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Crédit photo olly - stock.adobe.com
En Ille-et-Vilaine, le Collectif des acteurs et professionnels de l’urgence sociale et de l’hébergement (Capush 35) redoute la rupture de la prise en charge des bénéficiaires de l’hébergement d’urgence.

Que se passera-t-il le 10 juillet, avec la fin de l’état d’urgence sanitaire et de la trêve hivernale ? En Ille-et-Vilaine, les travailleurs sociaux et bénévoles du Collectif des acteurs et professionnels de l’urgence sociale et de l’hébergement (Capush 35) l’ignorent. Plus que l’incertitude, ces professionnels craignent que les personnes vulnérables retrouvent l’infernal turn-over des places d’hébergement d’urgence. « Ce système maltraitant repose sur l’idée selon laquelle il faudrait faire tourner les gens pour permettre à chaque personne à la rue d’avoir une place à un moment donné », explique Bertrand(1), l’un des membres de ce collectif anonyme créé au début des années 2010 et qui regroupe aujourd’hui une quinzaine de personnes issues de différentes associations. Un homme célibataire ne peut ainsi être mis à l’abri que trois ou quatre nuits, contre sept nuits pour une femme seule ou avec enfants. Passé ce délai, les personnes doivent retourner à la rue et solliciter le 115 dans l’espoir qu’une nouvelle place se libère quelque part, pas forcément dans la même ville. Or le confinement a stoppé cette « rotation artificielle », pointe Myriam, une autre membre du collectif. « Les collègues ont pu vérifier ce qu’ils dénonçaient depuis toujours, à savoir qu’elle est contre-productive. »

 

Le confinement, un mal pour un bien

Hébergées dans la durée, les personnes ont enfin pu se poser. Celles qui présentaient des troubles psychiques importants ont pu s’occuper de leur santé mentale, d’autres ont pu gérer leur surendettement, parler d’addictologie… « Même si la période était anxiogène, elles ont paradoxalement pu se requinquer en prenant soin d’elles. Elles n’avaient pas à se poser la question de ce qu’elles allaient faire dans la journée ou de trouver un lieu pour dormir », observe Bertrand. Les hébergements étant ouverts 24 heures sur 24 durant cette période, davantage de personnel a été alors requis. « Les travailleurs sociaux ont pu prendre le temps de travailler avec elles sur leur situation. » Sauf exception, le confinement a été un mal pour un bien pour les personnes qui ont réussi à être hébergées. D’autres n’ont pas eu cette chance, malgré la création de nouvelles places dans le département. L’auberge de jeunesse de Rennes a été réquisitionnée pour accueillir des personnes à la santé fragile. « On s’est vite rendu compte dès la fin du mois de mars que ce n’était pas assez car de nouvelles personnes arrivaient malgré le confinement », remarque Bertrand. Or la machine était complètement bloquée. Pas ou peu de possibilités d’intégrer les structures. Les demandeurs ont heureusement pu compter parfois sur des hébergements solidaires. Alors que le système sature déjà, le Capush 35 s’alarme. « La situation est grave », assure Bertrand. Et elle risque d’empirer dans les prochains mois, avec une augmentation attendue des demandes. La faute à la crise économique qui se profile et aux sorties d’hébergements solidaires et de l’aide sociale à l’enfance.

 

Davantage de places et de travailleurs sociaux

« On se retrouve avec de jeunes adultes à la rue sans ressources, mais aussi avec des personnes qui sont sorties prématurément de détention à cause du Covid-19 », indique Myriam. Certaines n’avaient pas de famille qui les attendent et ont atterri dans une ville où elles n’avaient aucune attache. « Deux d’entre elles m’ont confié que, vu les circonstances, elles auraient préféré rester en détention quelques semaines de plus », ajoute la travailleuse sociale.

Face à cette demande accrue, l’offre, elle, ne suit pas. Loin de là. Dans une ville très attractive comme Rennes, les délais pour obtenir un logement HLM sont de plus en plus longs. Certes, la municipalité essaie de pallier les carences de l’Etat en hébergeant chaque nuit plusieurs centaines de familles migrantes, à ses frais. Mais cela reste insuffisant. Le Capush 35 réclame donc plus de moyens financiers et humains. Davantage de places et de travailleurs sociaux pour accompagner dans la durée les personnes. Ce système vertueux permettrait au final de réduire le temps d’hébergement. « J’ai toujours cru au monde d’après, je me bats pour ça depuis des années et j’ai encore l’espoir qu’il y ait une vraie politique sociale en France », conclut Bertrand.

Notes

(1) Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des personnes.

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